Attractivité auprès des étudiants


Le Cnesco a publié un rapport scientifique sur l’attractivité du métier d’enseignant. Ce rapport propose une enquête exploratoire apportant un éclairage sur les facteurs qui entraînent le choix, ou le non-choix, du métier d’enseignant.

 

Enseignant : un métier qui attire encore

De nombreux étudiants envisagent une carrière d'enseignant

D’après l’enquête exploratoire, le métier d’enseignant attire toujours de nombreux étudiants.

Plus de quatre étudiants sur dix en mathématiques (46 %), en anglais (41 %) et en Histoire (40 %) ont indiqué envisager passer l’un des concours de l’enseignement.

En Sciences de la vie et de la Terre, ce sont 36 % des étudiants qui envisagent de présenter un concours de l’enseignement.

Zoom sur : la mastérisation du concours de professeur des écoles

  • Professeur des écoles : du bac +2 au bac +5

Recrutés au niveau bac +2 dans les années 1980, puis au niveau bac +3 avec la création des IUFM au début des années 1990, ils doivent désormais, depuis 2010, être titulaires d’un bac +5 (Master). Dans les faits, de très nombreux candidats possédaient déjà un diplôme de niveau bac +4.

  • Le niveau de recrutement n’apparait pas dissuasif

L’enquête montre que la mastérisation de la formation ne semble pas avoir d’effet dissuasif fort sur l’attractivité du métier d’enseignant, la plupart des étudiants ayant probablement intégré la nécessité d’atteindre ce niveau de diplôme pour accéder à des professions qualifiées. Ainsi, seuls 2 % des étudiants ne souhaitant pas devenir enseignants citent le niveau de recrutement comme élément dissuasif.

Cependant, les étudiants se destinant au professorat des écoles (1er degré) sont plus enclins à considérer que le niveau de diplôme requis est trop élevé et ce sentiment est sans doute renforcé par l’idée que le salaire n’est pas suffisamment valorisé ou que les modalités de choix d’affectation ne sont pas maîtrisées.

Le métier d'enseignant demeure un métier de vocation

  • Un choix très précoce du métier

Le métier d’enseignant est aujourd’hui encore un métier vécu comme une vocation, en ce sens où les étudiants qui s’y destinent ont souvent envisagé cette carrière dès leur enfance. Il ne s’agit donc pas d’un métier choisi par défaut. 60 % des étudiants envisageant de devenir enseignant auraient fait ce choix avant même d’entamer leurs études supérieures.

25 % des étudiants enquêtés souhaitant devenir professeurs des écoles ont envisagé ce métier dès l’école élémentaire. Pour ceux qui pourraient se destiner au métier d’enseignant dans le second degré, 25 % disent l’avoir envisagé durant leur passage au lycée. La scolarité au collège semble susciter moins de vocations.

Une juste connaissance des conditions de travail

L’enquête exploratoire tend à montrer que derrière la précocité du choix, le métier d’enseignant n’apparait pas comme idéalisé. En effet, les étudiants ont une image assez juste des réalités du métier.

Ils estiment correctement le niveau de salaire d’un enseignant. Les étudiants ont également une estimation très réaliste du temps de travail d’un enseignant. Ils surestiment, cependant, le temps d’enseignement et minorent celui des autres activités en dehors de la classe (préparation des cours, correction des copies, …), alors qu’elles représentent un temps important, particulièrement en début de carrière.

Des éléments de choix différenciés entre le 1er et le 2nd degrés

Les étudiants espérant enseigner dans le premier degré disent majoritairement avoir fait leur choix à partir de leur intérêt pour les jeunes enfants (72 %). Le côté présumé plus ouvert, curieux, réceptif et respectueux des jeunes enfants les pousse à faire ce choix.

Les raisons liées aux spécificités de l’enseignement au primaire sont également mises en avant (68 %), notamment pour son caractère pluridisciplinaire, les méthodes pédagogiques ludiques et créatives et l’enseignement des fondamentaux.

Chez les étudiants souhaitant se diriger vers l’enseignement secondaire, le choix du métier reposerait prioritairement sur le rapport privilégié à la discipline enseignée (75 %). Vient ensuite l’intérêt pour un public scolaire adolescent, avec 45 % des enquêtés désireux de faire face à un public plus âgé et donc plus mature.

Les raisons du non-choix du métier d'enseignant

Une majorité des réponses justifient le renoncement à l’enseignement par un intérêt manifesté pour d’autres activités ou projets professionnels et non par un rejet du métier d’enseignant.

Les deux tiers des étudiants ne souhaitant pas devenir enseignant déclarent avoir d’autres projets. 20 % évoquent également un non-choix lié à leur désintérêt pour un métier en contact avec des enfants.

Ils ne sont que 15 % à évoquer les conditions de travail (« premières années difficiles », « système scolaire qui se dégrade », « classes surchargées », …) comme un critère de non-choix du métier d’enseignant.

La question du manque de reconnaissance dont souffre la profession est également évoquée, par 10 % des étudiants ne souhaitant pas devenir enseignants.

Une image contrastée du métier d'enseignant

L’enquête laisse apparaître un jugement paradoxal des étudiants entre la valeur du métier d’enseignant à leurs yeux et le prestige qu’ils semblent lui voir attribué dans la société.

Il apparait clairement que les étudiants considèrent le métier d’enseignant comme porteur de sens : goût pour la discipline enseignée, transmission des savoirs, transmission des valeurs et contact avec les jeunes générations.

Les conditions d’exercice, comme la sécurité de l’emploi ou le temps libre et les vacances, apparaissent peu comme des facteurs déclarés d’attractivité du métier.

La considération accordée au statut social de l’enseignant est plutôt positive.

Les deux tiers des étudiants issus d’un milieu favorisé jugent que la profession d’enseignant les place dans une position comparable à celle de leurs parents. Ils ne sont que 23 % à considérer la position du métier d’enseignant comme lui étant inférieure.

De plus, les enfants d’enseignants considèrent cette voie comme la reproduction sociale du statut de leurs parents alors que les étudiants dont les deux parents sont de PCS défavorisées considèrent majoritairement (60 %) qu’occuper une telle fonction revient à occuper une position supérieure à celle de leurs parents.

L’enquête fait apparaître un paradoxe sur l’image du métier d’enseignant, que les étudiants considèrent comme attractif, mais pas du tout prestigieux.

Lorsque l’on demande aux étudiants la « profession la plus attractive à leur yeux » parmi une liste de 15 métiers, le professeur des écoles apparait comme le plus attractif, suivi par le professeur de collège ou lycée.

A contrario, lorsqu’on les interroge sur les métiers les plus prestigieux socialement, ces métiers n’apparaissent pas en tête. Au contraire, le professeur des écoles et le professeur de collège ou lycée sont nettement considérés comme les métiers les moins prestigieux.

Les étudiants déclarent que plusieurs conditions d’exercice du métier ont un impact sur son manque d’attractivité.

Ainsi, les étudiants mettent en avant le niveau de salaire, une chance aléatoire de réussite au concours (particulièrement pour les étudiants s’orientant vers le 1er degré), un manque de reconnaissance du métier d’enseignant et une absence de choix dans les premières affectations, qui pourrait être liée aux conditions de travail au quotidien.

Le profil des étudiants se destinant au métier d'enseignant

Les titulaires d’un baccalauréat général sans mention (ou d’un baccalauréat technologique ou professionnel), ont deux fois plus de chances de viser le concours de professeurs des écoles que leurs homologues ayant un baccalauréat général avec mention.

Lorsqu’ils envisagent un master conduisant aux métiers de l’enseignement, les étudiants ayant obtenu un baccalauréat général avec mention Bien ou Très bien s’orientent davantage vers les concours du secondaire que vers celui du premier degré (36 % contre 15 % dans le primaire).

Être enfant d’enseignant n’a que peu d’effet sur l’intérêt déclaré par les étudiants à s’engager dans cette voie professionnelle.

En effet, 41 % des enquêtés ayant au moins un parent enseignant déclarent envisager de préparer une carrière de professeur, contre 45 % des autres étudiants.

Une différence apparaît cependant dans le choix du 1er ou du 2nd degré. Les enfants d’enseignants se dirigeraient plus vers l’enseignement secondaire (37 %) que vers le primaire (18 %), alors que les étudiants sans filiation enseignante envisagent autant un niveau que l’autre (27 % pour le 1er degré et 28 % pour le second).

Méthodologie de l'enquête exploratoire

L’enquête du Cnesco a été menée auprès de 1 103 étudiants de troisième année de licence (en début d’année). Ces derniers sont issus de cinq filières d’études différentes : l’Anglais, l’Histoire, les Mathématiques, les Sciences de l’Éducation et les Sciences de la Vie et de la Terre (SVT). L’enquête a été organisée en septembre 2015 sur six sites (universités Montpellier 1 et 2, universités Rennes 1 et 2, université Paris Ouest et université Paris-Sud).