Pourquoi et comment différencier ?


Pourquoi et comment différencier ?

Chaque élève est différent, dans ses attitudes, capacités, motivations… De ce fait, comment faire apprendre les mêmes contenus, faire acquérir les mêmes connaissances et les mêmes compétences à tous les élèves, dans une classe dont le degré d’hétérogénéité peut être variable mais jamais nul (note Lafontaine, Cnesco, 2017) ?

Pourquoi différencier ?

  • Pour répondre à des besoins préalablement identifiés chez les élèves (parce que les élèves ne progressent pas à la même vitesse, parce qu’ils ne possèdent pas le même répertoire de comportements, parce qu’ils ne sont pas motivés pour atteindre les mêmes buts…).
  • Pour permettre à chaque élève de maîtriser les connaissances et les compétences du socle commun.
  • Pour lutter contre le décrochage scolaire, mais aussi amener chaque élève au maximum de son potentiel.

Comment différencier ?

Mal conduite, la pédagogie différenciée peut avoir des effets négatifs sur l’apprentissage des élèves. La recherche a montré que les enseignants produisent, à leur insu, un phénomène de différenciation qui peut pénaliser les élèves en difficulté. Que préconise la recherche pour que la différenciation pédagogique soit positive ?

La différenciation pédagogique ne doit pas entraîner une différenciation des objectifs. Les élèves fréquentant des classes où l’enseignant entretient des attentes élevées se montrent plus motivés et progressent davantage dans leurs apprentissages ; de plus les écarts entre élèves s’y réduisent. Les recherches invitent les enseignants à proposer à tous les élèves des tâches stimulantes présentant un défi.

Les comparaisons internationales suggèrent que pour être efficace, la différenciation pédagogique ne doit pas prendre la forme exclusive d’une aide aux élèves les moins avancés, parfois externalisée à la classe (ex : remédiation). Ce principe implique un changement complet pédagogique visant l’ensemble des élèves quel que soit le niveau scolaire des élèves.

Les résultats de la recherche montrent que les élèves prennent davantage confiance en eux et apprennent davantage si on leur donne des objectifs précis et à brève échéance (contrairement à des objectifs généraux et éloignés dans le temps). Couplés à des évaluations et des autoévaluations régulières, ces objectifs permettent des progrès graduels et ont pour effet de favoriser le développement de la confiance en soi et d’accroître la réussite des élèves.

De nombreux travaux soulignent que les feedbacks sont un des leviers les plus puissants pour agir sur la motivation et l’apprentissage des élèves (ex : des commentaires sur les points forts et les points faibles, sur les améliorations possibles ou qui situent les progrès de l’élève par rapport à ses performances antérieures). L’efficacité de cette pratique est liée au fait de favoriser la motivation, réduire les comparaisons entre élèves et véhiculer une conception de la compétence qui se construit à travers le travail, l’étude et la régulation.

Les dispositifs qui maintiennent un temps d’enseignement collectif important semblent plus efficaces et plus égalitaires que les dispositifs qui donnent priorité au travail individualisé.

Des effets négatifs possibles : les inégalités de traitement entre élèves

  • Des effets sur l’apprentissage des élèves

Mal conduite, une pédagogie différenciée peut avoir des effets négatifs sur l’apprentissage des élèves. La recherche montre en effet que, par volonté de bien faire ou à cause des contraintes liées à leur contexte d’exercice, les enseignants ont tendance à produire, à leur insu, un phénomène de différenciation (dite « active ») qui pénalise à terme les élèves en difficulté. Ils ont tendance à proposer des activités plus simples, plus découpées et moins stimulantes aux élèves en difficulté envers lesquels ils ont des attentes faibles. Ils peuvent leur donner des feedbacks moins précis sur leurs performances, leur donner moins d’autonomie. Pour faire « avancer la classe », ils peuvent aussi moins les solliciter pour répondre à l’oral et leur laisser moins de temps pour répondre. Au final, et notamment lors de changement d’environnement scolaire (école/collège ou collège/lycée), ce traitement différencié accroît les écarts de performance entre les élèves et démotive les élèves les plus en difficulté.

  • Des effets sur la motivation des élèves

Au-delà des effets sur les apprentissages des élèves, les recherches montrent que certaines formes de différenciation pédagogique (ex : des groupes de niveau au sein d’une classe pérennes dans une année scolaire) peuvent avoir des effets négatifs sur la motivation des élèves. Les élèves utilisent des informations verbales et non verbales pour décoder l’image que se font les enseignants de leur niveau de compétences. En outre, les pratiques de classe qui rendent plus visibles la comparaison entre élèves et mettent en avant les élèves les plus performants, peuvent renforcer la compétition entre élèves et valoriser le résultat final plutôt que les démarches d’apprentissage. Cela a pour effet de diminuer l’intérêt et l’engagement des élèves, voire de favoriser les violences à l’école.

L’enseignant doit donc installer un ensemble de garde-fous pédagogiques pour éviter le développement de ces effets négatifs. Par exemple, les groupes de niveaux au sein d’une classe ne doivent pas être installés dans le temps. L’enseignant doit aussi choisir des compétences variées (académiques, sportives, artistiques…) pour que chaque élève ait l’opportunité de devenir tuteur dans le cadre d’une pédagogie coopérative (note Galand, Cnesco, 2017).