Projets innovants


Des initiatives sont mises en place dans certaines écoles et certains établissement afin de développer les pratiques de différenciation pédagogique. Les actions ci-après, identifiées par le Cnesco, donnent un aperçu de plusieurs projets déjà existants.

Le Collège Pierre de Ronsard de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis) a mis en place un projet d’accompagnement pédagogique, le co-enseignement, qui permet à deux enseignants d’intervenir dans la même classe, au même moment. L’objectif de ce dispositif est de renforcer les compétences et l’adhésion des élèves aux activités scolaires. Entre 11,5 % (en sixième) et 7,5 % (pour les trois autres niveaux) de l’horaire hebdomadaire des élèves est réalisé ainsi en co-enseignement. Le co-enseignement peut se dérouler avec deux professeurs d’une même matière mais aussi en interdisciplinarité, par exemple en alliant les cours de français avec l’histoire-géographie.

Ce projet vise à rendre les élèves davantage acteurs de leur apprentissage. Cette organisation favorise notamment le travail interdisciplinaire et le travail sur les compétences transversales. Le changement de posture effectué par les enseignants permet aux élèves d’être plus attentifs et de prendre conscience des compétences à mobiliser et des stratégies à développer pour s’investir efficacement dans les différentes formes que peut revêtir le travail scolaire.

« Les professeurs n’ont pas tous la même manière d’expliquer. Parfois, on comprend avec les explications du second professeur ce qu’on n’avait pas compris avec le premier »
Un élève du Collège Pierre de Ronsard

Pour les professeurs, le co-enseignement permet un meilleur encadrement de l’activité pédagogique des élèves et une bonne compréhension de leurs acquis et des obstacles à leur apprentissage. Les élèves apprécient la disponibilité des enseignants et osent les solliciter davantage pour demander des conseils ou une aide ponctuelle. Ainsi, la crainte de se tromper ou de ne pas y arriver est moins présente.

Julien Maraval – Principal
Académie de Créteil, Collège Pierre de Ronsard, Tremblay-en-France (93 290)

Le collège expérimental Clisthène à Bordeaux (Gironde), qui accueille des élèves de niveaux scolaires variés, a mis en place un dispositif de groupes de tutorat entre élèves pour aider au travail scolaire. Chaque groupe réunit une douzaine d’élèves issus des quatre niveaux du collège, sous la responsabilité d’un adulte référent (professeur, CPE ou coordonnateur). La constitution de ces groupes respecte les critères d’hétérogénéité en termes scolaires, éducatifs, d’âge et de sexe.

Un groupe de tutorat se réunit trois fois par semaine en dehors de l’emploi du temps scolaire : le lundi et le jeudi avec des aides au travail et le vendredi sous la forme d’un « temps de bilan ». L’aide au travail est un temps consacré à l’aide méthodologique et de contrôle du travail personnel de l’élève. L’entraide est valorisée. Le temps de bilan est considéré comme un temps de parole, de transmission relative à la vie du collège et de discussions sur le règlement intérieur, sur l’actualité du collège ou sur des faits de société et des sujets philosophiques.

« L’entraide permet aux plus fragiles de bénéficier d’un soutien des adultes ou de leurs camarades plus en réussite, lesquels y gagnent à devoir parfois transmettre leurs méthodes ou expliquer tel ou tel point de cours à un camarade de leur classe ou d’un autre niveau. »
Marc Chaigneau, enseignant

L’objectif de la création de groupes de tutorat est d’enrichir la relation des élèves entre eux, de permettre une entraide inter âge et de développer la confiance envers les adultes. L’adulte tuteur joue un rôle de référent auprès des élèves mais est aussi le référent entre les élèves, l’équipe éducative et leurs parents. Il suit les membres de son groupe tout au long de l’année, assiste à leur conseils de classe, remet les bulletins scolaires en main propre aux parents et se rend disponible pour veiller au bon déroulement de la scolarité.

Nadine Coussy-Clavaud, Anne Hiribarren, Marc Chaigneau – Enseignants
Académie de Bordeaux, Collège Clisthène, Bordeaux, 33000

« Si tu ne sais pas, demande ; si tu sais, partage ». Cette phrase résume parfaitement la méthode mise en œuvre à l’école primaire des Borderies, à Burie (Charente-Maritime). L’objectif est de permettre aux élèves d’acquérir de solides connaissances en apprenant en parallèle à coopérer et collaborer dans la classe. Ainsi, les élèves peuvent se retrouver dans un rôle de tuteur auprès de leurs camarades.

L’expérimentation se divise en plusieurs étapes. Le professeur fixe d’abord des objectifs précis à atteindre avec une capsule vidéo visionnée à la maison dans ses séquences d’enseignement en mathématiques ou en français. Cette capsule vidéo présente ensuite le vocabulaire et la démarche employée sert de base et est visionnée par les élèves la veille de la séance chez eux. Un questionnaire est également envoyé à la maison et permet au professeur de savoir où se situe chaque élève dans le parcours d’apprentissage. L’analyse de ces questionnaires permet de prévoir les activités du lendemain pour chaque groupe en fonction des besoins des élèves.

La classe est divisée en 4 groupes. Un premier permet aux élèves n’ayant pas visionné la vidéo de le faire en classe. Un second groupe rassemble ceux qui ont acquis les compétences plus rapidement : ils effectuent des tâches plus complexes et sont invités à aider les autres élèves qui se situent dans les étapes précédentes du parcours d’apprentissage. Les autres groupes sont les élèves en apprentissage et sont répartis en fonction des erreurs commises en amont.

« Le but étant que chacun vienne en classe pour apprendre ce qu’il ne sait pas encore faire et non ce qu’il sait déjà»
Soledad Garnier, professeure des écoles

Grâce à ce projet, les élèves ont acquis, en plus des compétences disciplinaires attendues, des capacités réflexives et langagières qu’ils ont pu transposer dans toutes les disciplines. Leur capacité d’argumentation et de justification permet d’apaiser le climat de la classe et améliore leur capacité d’écoute et la communication entre pairs.

Soledad Garnier – Professeure des écoles
Académie de Poitiers, École primaire des Borderies, Burie (17 770)

Au collège Daniel Argote-Bergereau d’Orthez (Pyrénées Atlantique), un dispositif de classe inversée a été mis en place pour les classes de 6ème, 4ème et 3ème en cours de français. L’objectif est de privilégier le travail collaboratif entre les élèves autour d’une démarche d’apprentissage axée sur l’investigation.

Le travail se divise en plusieurs étapes clés : les élèves émettent d’abord des hypothèses de lecture suite à l’étude d’un document de français et produisent un compte-rendu écrit, avant de passer à la deuxième étape qui consiste à exposer leur travail devant la classe et à proposer un quizz à leurs camarades pour vérifier leur attention et leur compréhension. Un nouvel exercice pratique est ensuite proposé à partir d’une capsule vidéo visualisée la veille à la maison. Enfin les élèves se préparent à la réalisation de cet exercice pratique puis terminent en s’autoévaluant et en écrivant ce qu’ils ont appris dans ce parcours.

Selon l’enseignante, même si la recherche n’a pas encore mis en évidence des effets positifs liés aux dispositifs de classe inversée, cette initiative semble avoir entraîné un changement d’attitude de la part des élèves. En se préparant le soir pour le cours du lendemain, grâce à des capsules vidéo de « mise en bouche », les élèves se retrouvent en classe davantage opérationnels et prêts à travailler. Cette méthode permet un gain de temps en classe qui est alors consacré à un suivi individuel des élèves lors des exercices pratiques.

Marie SOULIÉ – Professeure de Français
Académie de Bordeaux, Collège Daniel Argote-Bergereau (64 300)