Projets innovants
sur les engagements citoyens des élèves


Dans leur classe, leur établissement, des acteurs de terrain travaillent quotidiennement pour inciter les élèves à s’engager dans la vie de leur établissement et la vie associative. Les projets présentés illustrent des résultats de recherche et leur font écho.

Au collège Rosa Parks de Rennes (Ille-et-Vilaine), établissement classé en Réseau d’éducation prioritaire, un professeur d’histoire-géographie a développé le projet Médiaparks. Cette revue mensuelle de 32 pages est réalisée par les élèves et traite de grandes questions de société et d’actualité. Dès la rentrée, tous les élèves de ce professeur, en 4e pour la majorité, sont impliqués dans le projet. Ceux qui le souhaitent peuvent ensuite prendre des responsabilités d’encadrement.

La rédaction se fait dans le cadre des enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) sur la culture des médias. Les élèves font le lien entre ce qu’ils ont étudié en classe et les écrits journalistiques qu’ils produisent pour la revue. Les articles sont donc une synthèse de connaissances, de réflexions, d’échanges avec des adultes ou des pairs. Les élèves sont ainsi impliqués dans un projet concret et demandant de l’esprit critique, de l’éthique, de l’engagement citoyen. De nombreux établissements scolaires, de l’école primaire à l’université, intègrent progressivement l’équipe de Médiaparks en fournissant des articles pour la revue, en facilitant l’impression et la diffusion en version papier, sur un site internet et Facebook. L’université Rennes 2 alloue par exemple un budget annuel pour l’impression des revues et organise des points de distribution au sein de ses locaux. La co-écriture permet à des élèves d’âges, de compétences et de niveaux différents de côtoyer des adultes variés tels que des enseignants, des acteurs associatifs, des étudiants, des responsables politiques, etc.

 « L’objectif fondamental de Médiaparks est de décloisonner les savoirs, les compétences et les relations. Tous sortent donc d’une posture d’élève pour devenir acteurs de la société, qui, à leurs yeux, a grand besoin de s’améliorer. »
Renan Cherel, professeur d’histoire-géographie et coordonnateur

Les numéros en cours d’élaboration jusqu’à fin 2018 traitent des sujets suivants : les risques, la fabrique de l’opinion publique, la démocratie… Les numéros sont ensuite distribués dans les médiathèques du département et les établissements scolaires principalement, mais ont vocation à être lus par toute la société civile.

Les élèves impliqués dans ce projet ont évolué dans leur rapport à l’information : désormais, ils s’intéressent de près à l’actualité et échangent pour savoir quel programme de télévision ou de radio est le plus pertinent pour trouver des informations utiles dans le but de rédiger leurs articles.

Ronan Cherel, professeur d’histoire-géographie et coordonnateur
Académie de Rennes, collège Rosa Parks, Rennes (35 000)

Plusieurs collèges de l’académie de Lille ont développé des conseils de vie collégienne (CVC).

Au collège Pierre Mendès-France à Arques (Pas-de-Calais), le CVC est composé de 20 membres élèves, tous élus. Cinq fois par an, les membres du CVC se réunissent pour échanger et décider des actions à mener.

 « Nous essayons d’avoir des actions communes avec les CVC des autres collèges du district. Nous avons par exemple travaillé sur le climat scolaire ainsi que sur le harcèlement, en créant des affiches, des vidéos, en nommant des ambassadeurs contre le harcèlement parmi les élèves, etc. »
Bernard Verdin, principal

Parallèlement, le CVC du collège Pierre Mendès-France mène des actions très variées : en 2017/2018, une grande collecte de bouchons a été organisée dans le but de la reverser à une association dont l’objectif est de financer la construction de fauteuils roulants pour personnes handicapées. Une action avec les Restos du Cœur est aussi reconduite chaque année : la responsable locale vient présenter l’association au sein de l’établissement puis les délégués participent à une visite des locaux, au déchargement d’un camion et au tri des denrées. Une collecte au sein du collège est également organisée par les élèves durant plusieurs semaines. D’autres actions à l’initiative du CVC ont également été menées, notamment avec l’association des Chiens Guides d’Aveugles, venue présenter trois chiens aux collégiens ainsi que leur parcours depuis leur adoption jusqu’au moment où les animaux sont confiés à une personne handicapée. Le CVC a également proposé de décorer la salle de permanence sous forme de graffitis réalisés par un artiste. Tous ces projets naissent des rencontres du CVC ainsi que de la boîte à idées qui est installée au sein de l’établissement et qui permet aux autres élèves de communiquer avec les membres du CVC.

Le CVC est animé par une enseignante bénéficiant d’une indemnité pour mission particulière (IMP) ainsi que par deux enseignants volontaires et la conseillère principale d’éducation (CPE). Depuis sa création en 2013, les élèves ont développé un sentiment d’appartenance à leur établissement plus important. Ils sont fiers de leur collège car ils se sentent impliqués, ils voient qu’ils sont écoutés et qu’ils peuvent mener à bien leurs projets.

Pour l’année 2018-2019, les CVC du district envisagent de travailler sur le développement durable et la valorisation des déchets en partenariat avec les services de la communauté d’agglomération et des entreprises de collecte. Il est prévu de clore ce projet par une grande opération de nettoyage du marais éaudomarois.

Bernard Verdin, principal
Académie de Lille, collège Pierre Mendès-France, Arques (62 510)
Jérôme Brest, coordonnateur de l’expérimentation dans le Pas-de-Calais
Académie de Lille

Au collège Henri Ageron à Vallon-Pont-d’Arc (Ardèche), un conseil de citoyenneté a été créé il y a quatre ans, à l’initiative d’un enseignant d’histoire-géographie. C’est un conseil de médiation, composé de 15 membres : le chef d’établissement, le conseiller principal d’éducation, le professeur coordonnateur et 12 élèves de tous niveaux (délégués ou volontaires). Les élèves membres siègent pour un trimestre. N’importe quel élève ou membre de l’équipe éducative peut remplir un rapport d’incident (formulaire disponible à la vie scolaire et sur le site internet de l’établissement). Chaque année, environ 25 plaintes sont déposées. Sur l’année scolaire 2017/2018, 14 ont été traitées. Tous les jeudis, pendant la pause méridienne, le conseil se réunit pour échanger sur les problèmes soulevés.

 « Les membres du conseil travaillent sur différentes problématiques : moqueries, insultes, malaises relationnels, harcèlement, dégradations… Nous entrons dans l’empathie, en essayant de libérer la parole. Chaque membre apporte sa pierre à l’édifice et ensemble, nous construisons une identité du parcours citoyen très forte. »
Gontran Leroy, coordonnateur

Les élèves faisant l’objet d’une plainte reçoivent une convocation quelques jours avant la commission. Souvent, le conseil de citoyenneté travaille avec l’infirmière et l’assistance sociale. Le conseil de citoyenneté apporte des recommandations à travers un compte-rendu rédigé par le coordonnateur et porté à la connaissance de la famille et du chef d’établissement.

Les membres signent une charte de confidentialité et remplissent un questionnaire à la fin de leur mandat pour évaluer leur ressenti concernant l’utilité du conseil de citoyenneté, son fonctionnement et le travail que ce conseil implique. À ce jour, le bilan est positif puisque la majorité des problèmes soumis au conseil de citoyenneté ont été résolus et le comportement des élèves perturbateurs a évolué positivement suite à leur passage devant les membres.

Gontran Leroy, professeur d’histoire-géographie et coordonnateur
Académie de Grenoble, collège Henri Ageron, Vallon-Pont-d’Arc (07150)

En 2016, au lycée pilote innovant international de Jaunay-Clan (Vienne), une classe de seconde a monté une « junior association » pour créer sa propre maison d’édition numérique et gratuite : Turfu – Les Éditions. Après avoir participé au prix Goncourt des lycéens, les élèves sont passés de lecteurs à éditeurs. Née d’un projet interdisciplinaire mêlant le français, les sciences économiques et sociales et la documentation, cette association est constituée d’un pôle éditorial, d’un pôle juridique et d’un pôle communication.

 « La création d’une association au sein de l’établissement représente une véritable ouverture sur le monde extérieur. Les participants à ce projet éprouvent de la fierté et un grand plaisir à travailler ainsi. »
Hélène Paumier, coordonnatrice

Au sein de la maison d’édition, toute démarche est discutée, votée, amendée. Ce fonctionnement permet aux élèves de travailler leur rôle de citoyens, d’expérimenter une démarche participative, collaborative, au sein de la communauté à laquelle ils appartiennent. Le pôle juridique a joué un rôle essentiel au départ, en étant chargé de l’étude des statuts possibles, du montage du dossier d’habilitation pour être reconnue en tant que junior association, des mentions légales du site internet, de l’élaboration des contrats type avec les auteurs et les illustrateurs, des conventions diverses avec le lycée, la radio de l’établissement et une autre association culturelle du lycée. Le pôle éditorial s’est interrogé sur l’identité des auteurs édités et le genre de textes à publier. Il s’occupe également des premières prises de contact et des réceptions de manuscrits. Le pôle communication, enfin, est en charge du site internet, des réseaux sociaux, du logo, du slogan, des affiches, de l’identité graphique en général (police, couleurs…).

Depuis la rentrée 2017, tous les élèves du lycée peuvent participer à l’association. Un jeudi après-midi sur deux, tout au long de l’année scolaire, les élèves ont la possibilité de travailler en inter-niveaux pour mener à bien un projet dont ils sont à l’initiative. C’est sur ce temps que les élèves membres de l’association travaillent sur le développement de la maison d’édition qu’ils ont créée.

Hélène Paumier, coordonnatrice
Académie de Poitiers, lycée pilote innovant international, Jaunay-Clan (86130)

Au collège André Chénier d’Eaubonne (Val-d’Oise), les élèves sont impliqués dans différents projets éducatifs en faveur de la citoyenneté. L’équipe de direction, la conseillère principale d’éducation (CPE) ainsi que de nombreux enseignants sont mobilisés dans un projet d’établissement global ayant trait à l’engagement des jeunes.

Ainsi, une vingtaine d’élèves volontaires, de la 6e à la 3e, est formée à la « médiation par les pairs ». Ces formations sont organisées par la CPE, en collaboration avec le service jeunesse de la ville : des intervenants se déplacent au sein du collège environ une fois par semaine, sur le temps méridien, pour expliquer aux élèves comment organiser des séances de médiation. Il s’agit essentiellement de régler des conflits liés à des disputes ou des bagarres survenues dans l’établissement.

 « La médiation par les pairs permet que des situations de conflits soient gérées par les élèves et non par les adultes. Ce parti pris du personnel éducatif de rester à l’écart a des répercussions positives à plusieurs niveaux : les élèves réalisent que nous leur faisons confiance, qu’ils peuvent agir sur leur vie au collège et influer sur des situations bien réelles. »
Laurence Goldbaum, principale

Un projet nommé « Cultivons notre jardin » a également vu le jour. En septembre 2017 et juin 2018, deux ruches ont été installées dans le jardin partagé de l’établissement, situé dans la cour de récréation : un apiculteur recueille le miel pendant l’été et les élèves le mettent en pot à la rentrée. Ces pots de miel sont ensuite vendus lors de la réunion parents-professeurs organisée au mois de septembre. L’argent récolté va dans la caisse du foyer des élèves et permet de contribuer à la baisse du prix des six voyages scolaires organisés chaque année. Un travail sur le gaspillage alimentaire a aussi été entamé à la rentrée 2017 et se poursuivra pendant l’année scolaire 2018/2019.

En prenant conscience que l’on peut avoir un comportement citoyen dans tous les domaines de la vie quotidienne (relations humaines, traitement des déchets, consommation alimentaire et locale…), les élèves développent leur implication et leur engagement citoyen.

Laurence Goldbaum, principale
Académie de Versailles, collège André Chénier, Eaubonne (95600)