Projets innovants en France
pour développer l'école inclusive


 

Partout en France, des projets innovants sont mis en place par des acteurs de terrain qui travaillent quotidiennement pour inclure les élèves en situation de handicap. À l’occasion de la conférence de comparaisons internationales sur l’école inclusive, le Cnesco a sélectionné, en janvier 2016, des projets menés par ces acteurs de terrain afin de connaître, concrètement, le contenu de leur action.

 

« La sensibilisation au handicap des élèves non handicapés est indispensable pour changer les regards et l’acceptation potentielle d’un enfant en situation de handicap dans une classe.

À Vallan, nous avons profité du temps accordé aux nouvelles activités périscolaires pour monter un projet en ce sens. Nous nous sommes, pour cela, rapprochés du projet Handi’Mallette porté par l’association L’ADAPT. Il permet d’aller à la rencontre des jeunes de 3 à 16 ans dans les écoles.

Jeux olfactifs, parcours sensoriels avec yeux bandés, devinettes en langue des signes, tous les outils de la mallette sont ludiques et permettent de faire découvrir les différents types de handicaps. 

Très intéressés par cette mallette, nous avons choisi de décliner l’intervention de l’association en sept séances, avec l’objectif de faire passer un message aux enfants : nous pouvons vivre ensemble, égaux et différents. »

Véronique Pierron, adjointe au maire en charge de l’éducation
Commune de Vallan, dans l’Yonne (89 427)
Le +
Les enfants ont commencé des activités en complément de ce qu’ils apprendront au fil des sept séances : ils créent une histoire avec un personnage à qui il arrive de nombreuses aventures. L’objectif est de la mettre en scène et d’en faire une présentation aux parents en y intégrant si possible ce qu’ils auront appris du langage des signes.

« Pour faciliter la scolarité des élèves ayant des troubles des fonctions cognitives, sans les suréquiper, nous avons choisi de fournir une tablette équipée de logiciels adaptés aux élèves en situation de handicap.

Les élèves peuvent prendre en photo le cours fourni par l’enseignant. Grâce à une application destinée à la reconnaissance de caractères, l’élève peut récupérer numériquement le cours de l’enseignant sans perte de temps et sans perturbation du cours.

Grâce à des logiciels spécialisés, la tablette assure une lecture du texte à haute voix, sa mise en forme adaptée, la recherche des définitions, …

Il me semble important de doter ces élèves des derniers outils nomades et numériques disponibles pour le grand public et non spécifiques à leurs handicaps.

Cela leur permet ainsi de s’intégrer dans le monde de demain. Faites-vous la différence entre un mail écrit à la main ou dicté à l’ordinateur ? Aujourd’hui, de plus en plus d’outils sont équipés d’une intelligence artificielle pour aider à la prise de note. Apprenons à nos élèves leurs utilisations.

L’inclusion est donc bien moins discriminante pour ces élèves. Ils ont les mêmes documents que leurs camarades. Ils apprécient ce fonctionnement  et ont une plus grande estime d’eux-mêmes. Le projet facilite également le travail des enseignants, plus sereins, n’ayant pas à se soucier de savoir si leurs cours sont adaptés aux élèves, sachant que ces derniers sont ʺautonomesʺ. »

Baptiste Melgarejo, coordonnateur Ulispro
Académie Nancy Metz, Lycée Henri Nominé, Sarreguemines (57 200)
Le +
Cet environnement numérique innovant a été transformé en FabLab ouvert à tout le lycée, et même, sur rendez-vous, au public.  Il séduit des élèves non handicapés qui y développent des projets artistiques et scientifiques au côté des élèves en situation de handicap. S’est construit ainsi un phénomène d’ʺinclusion inverséeʺ. Ceci a permis de changer l’image des élèves en situation de handicap dans l’établissement. Le lycée est devenu un modèle au sein de l’académie.

« Depuis trois ans, nous regroupons, une heure par semaine, les élèves de 6ème présentant des troubles de l’apprentissage, communément appelées ʺDYSʺ. Cela nous permet de chercher avec eux les outils pédagogiques qui fonctionnent, dans toutes les disciplines, et ensuite de les transmettre aux enseignants.

Ils sont encadrés par une enseignante d’EPS, Sandrine Fernin, formée à l’inclusion des élèves en situation de handicap par l’ESPE de l’Académie, et rémunérée par l’établissement sous forme d’indemnité pour mission particulière.

Ce travail est effectué à partir des devoirs donnés aux élèves durant la semaine et les outils trouvés correspondent ainsi à leurs besoins du moment. Cette connaissance permet aux enseignants d’appliquer, sans avoir à la tester au milieu des élèves de la classe, une pratique efficace pour les élèves concernés.

L’enseignante a pour objectif de trouver dans chaque discipline des modes d’apprentissage adaptés. Au fur et à mesure, ces outils sont positionnés dans un classeur en salle des professeurs, et elle les présente aux équipes.

Je tiens tout particulièrement à ce projet car il a aussi permis de faire progresser les élèves qui étaient en difficulté scolaire sans être en situation de handicap.  Désormais, les enseignants ont en tête qu’ils doivent aménager leur enseignement pour chaque élève.

Ce projet nous a conduits à participer à un groupe de travail académique qui doit développer une banque d’outils pédagogiques adaptés aux élèves ʺDYSʺ qui serait mise à disposition des établissements. Mais j’attire l’attention sur le fait que ces outils devront être adaptés à chaque élève, ce qui demande, dans l’établissement, un enseignant formé à l’inclusion des élèves en situation de handicap.  »

David Marcos, principal de collège
Académie de Toulouse, collège Jean Gay,  Verfeil (31 590)
Le +
Lorsque les élèves reprennent les cours en classe de 5ème, les aménagements les suivent et cela se passe bien. Les nouveaux enseignants consultent, au fur et à mesure des besoins rencontrés, les outils pédagogiques créés l’année précédente.

« Le but de ce projet est d’éviter le décrochage des élèves dyslexiques qui manquent de confiance en eux. Ces élèves sont regroupés dans une classe ordinaire afin de leur faire prendre conscience qu’ils ne sont pas les seuls à rencontrer ce type de difficultés.

Plusieurs adaptations ont été mises en place. Nous nous efforçons de synthétiser les cours sous forme de cartes heuristiques, plus faciles pour eux à mémoriser. Nous conseillons aux élèves de s’inscrire à la bibliothèque sonore pour les aider en lecture. Nous encourageons également l’utilisation de l’ordinateur pour ceux qui en ont besoin. Les élèves peuvent utiliser certains logiciels qui aident à la relecture par un écho à la frappe.

Dans la classe, ces élèves ont besoin d’être face au tableau, plutôt au premier rang, à côté d’un élève qui ne va pas les déconcentrer.

Nous créons une sorte de tutorat, car les autres élèves sont très présents et les aident à se repérer dans le classeur, dans l’agenda…

Chez la plupart des élèves, ce projet porte ses fruits, nous constatons qu’ils reprennent confiance en eux, qu’ils progressent, comme le montre leur taux de réussite au brevet qui a largement progressé. »

Natacha Hallouin, professeur certifiée de lettres modernes
Académie de Rouen, collège Léonard de Vinci, Saint Marcel (27 950)
Le +
Le fait d’adopter des stratégies différenciées apporte une aide à d’autres élèves « non dyslexiques » en difficulté qui progressent grâce à une variété de pédagogies et d’outils.

« Chaque année, une dizaine de jeunes déficients intellectuels, âgés de 16 à 20 ans et dont le niveau scolaire correspond à celui d’enfants entre le CP et le CM2, participe à des actions collectives à l’extérieur de l’établissement. Nous leur proposons d’acquérir des connaissances et des savoir-faire qui vont contribuer, le plus efficacement possible, à leur insertion sociale et professionnelle.

L’essentiel est de placer le jeune comme acteur central de son projet. C’est une condition incontournable de sa motivation. Le cœur du projet porte sur des chantiers collectifs d’entretien des espaces verts. Les élèves sont amenés à réaliser de nombreuses activités en extérieur. Ils participent au défrichage, à l’abattage d’arbres, au taillage de haies, …

Le travail des jeunes commence à partir de l’exemple des adultes (éducateurs, professeurs, partenaires, …). Ils procèdent ensuite par imitation. En petits groupes, les accompagnateurs ont le temps d’observer, de donner des conseils sur les postures, les manières de faire et d’encourager chaque jeune.

Les élèves sont, généralement, très marqués par le résultat de leur travail. »

Jean-Jacques Petat, coordonnateur pédagogique
Académie d’Orléans-Tours, Institut Médico Éducatif Léopold Bellan, Châteaudun (28 200)
Le +
À travers cette entrée très professionnalisante, les élèves montrent une nouvelle appétence pour le domaine scolaire. Régulièrement, des jeunes reprennent les apprentissages de la lecture et de l’écriture à 16 ans.

« L’inclusion des élèves en situation de handicap doit être adaptée et les enseignants accompagnés dans leur accueil de ces élèves.

Selon leur projet personnel de scolarisation, ces élèves sont présents à l’école entre trois et vingt heures par semaine. Suivant leurs compétences et leurs souhaits, ils peuvent être intégrés dans différentes disciplines : EPS, arts plastiques, sciences, histoire-géographie, langue vivante, …

Ils participent à des sorties scolaires et à des projets proposés par l’équipe pédagogique (chorale, olympisme, pratique du poney, du tir à l’arc, du vélo, …). Notre rôle est également d’accompagner les enseignants, par des temps de formation.  Par exemple, des conférences pédagogiques sont proposées à destination des enseignants qui exercent en classe ordinaire. Elles permettent d’aborder différents sujets, tels que ʺcomment travailler avec un Auxiliaire de Vie Scolaire dans sa classe ? ʺ. Enfin, pour les enseignants qui le souhaitent, une conseillère pédagogique propose un accompagnement personnalisé en fonction du handicap de l’élève inclus. »

Alain Bouhours, Inspecteur de l’Éducation nationale
Académie de Versailles, Inspection de Bois-Colombes (92 270)

« Dans les établissements spécialisés, les enseignants nommés n’ont pas forcément reçu une formation spécialisée et peuvent se sentir démunis. Il faut souvent les rassurer, les accompagner dans la mobilisation de compétences professionnelles déjà installées.

Dans les écoles maternelles et élémentaires dites ʺordinairesʺ, qui accueillent un élève en situation de handicap,  j’interviens dans la classe concernée. Il faut observer l’enseignant en situation de classe pour ensuite l’amener à trouver des réponses adaptées.

Il faut l’aider à voir comment aménager le cours élaboré pour le groupe afin qu’il réponde aussi aux besoins de l’élève handicapé.

L’accompagnement des enseignants n’est pas que pédagogique, il est aussi psychologique, psychique, institutionnel et doit permettre de donner une nouvelle assurance aux enseignants. »

Ninetta Valmorin, conseillère pédagogique 
Académie de Versailles, Inspection de Bois-Colombes (92 270)
Le +
La conseillère pédagogique anime des ateliers avec les enseignants et coordonnateurs directement impliqués, dans le cadre de la formation continue. Cette année, le travail porte sur les outils numériques au service des élèves en situation de handicap.