Comparaisons internationales
Quelles politiques de mixité ?


Rapport scientifique

Le Cnesco et le Conseil Supérieur de l’Éducation du Québec se sont associés pour mener une enquête sur les politiques de mixité sociale à l’école mises en œuvre dans certains pays de l’OCDE. Le rapport présente le contenu de ces politiques et leurs résultats quand ils ont été évalués. Certaines sont des réussites, d’autres présentent un bilan plus mitigé, dans tous les cas ces politiques se sont inscrites dans un temps long et ont dû surmonter des obstacles lors de leur mise en œuvre.

Des politiques ambitieuses dans certains pays

La prise de conscience des effets nocifs de la concentration d’élèves aux profils scolaires et sociaux défavorisés dans certains établissements a conduit un nombre croissant de pays de l’OCDE à conduire des politiques favorisant la mixité sociale à l’école (USA, Angleterre, Suède, Danemark, Pays-Bas, Belgique…). Ces expériences qui se sont, pour certaines, développées sur plusieurs décennies, mettent en évidence le décalage de la France, qui s’est cantonnée en matière de lutte contre les inégalités sociales à l’école dans une politique compensatoire d’éducation prioritaire.

Par leurs difficultés, leurs échecs et leurs succès, les expériences étrangères peuvent aussi guider les futures politiques de mixité en France. Elles montrent en effet que, pour être efficace et durable, une politique nationale de mixités sociale et scolaire à l’école doit présenter les caractéristiques suivantes :

  • Une perspective de long terme : volontariste et évaluée nationalement, cette politique doit être développée dans la durée, autour d’un consensus national trans-partisan qui dépasse, sur plusieurs décennies, les alternances politiques, comme le montrent certaines villes ou régions aux États-Unis ou en Angleterre
  • A chaque terrain, sa boîte à outils : s’ils s’inscrivent bien dans une politique nationale, les outils de la mixité sociale à l’école (ajustements de carte scolaire dans certains pays nordiques, quotas d’élèves dans certains établissements anglais, transports d’élèves au Danemark…) doivent être adaptés aux contextes locaux car construire la mixité sociale à l’école prend des formes différentes dans les diverses ruralités, les terrains socialement mixtes ou, au contraire, les contextes urbains socialement ultra-ségrégués…

Les conditions de réussite des politiques de mixité

Les expériences à l’étranger montrent qu’un ensemble de conditions doivent être réunies simultanément pour assurer une politique efficace et durable :

  • une démarche de dialogue, de communication et de coopération en direction des parents : sur le long terme, une politique de mixité sociale ne fonctionne que si les parents y adhèrent (Pays-Bas);
  • une stratégie de formation des personnels d’éducation : par exemple les enseignants et les personnels d’encadrement doivent être formés aux pédagogies différenciées et coopératives pour gérer l’hétérogénéité scolaire et sociale des élèves, à l’interculturalité et plus largement être sensibilisés aux effets des ségrégations sociale et scolaire mis en évidence par la recherche… (Suisse, Canada);
  • une politique de transports (Danemark) et d’hébergement efficaces et socialement accessibles qui favorise la mobilité et le désenclavement des élèves, surtout au lycée ;
  • une vigilance cruciale quant à l’égalité et la qualité de l’offre de formation (Québec) dans tous les contextes locaux (enseignements, profils des enseignants, voies d’orientation, équipements, climat scolaire…).