Engagement scolaire


L’école ne répond que partiellement aux nouveaux besoins d’engagement

Si les élèves semblent montrer un engouement à l’idée de s’engager civiquement et de faire entendre leur voix, l’école ne semble pas encore faire suffisamment dans ce domaine. L’engagement dans le cadre scolaire se réduit encore trop souvent à l’existence de délégués représentant les élèves et à leur présence dans les instances de gouvernance de l’établissement (conseil d’administration, conseil de la vie lycéenne…). Les pédagogies actives d’éducation à la citoyenneté, tels que les projets citoyens, promues par le programme d’Enseignement moral et civique (EMC), sont encore très peu développées en lycée et les activités proposant aux élèves de s’engager (maison des lycéens, journal de l’établissement, tutorat) concernent un nombre limité d’élèves.

La faiblesse des projets citoyens dans l’établissement

Le Parcours citoyen de l’élève (MEN, 2016), promeut la mise en place de projets citoyens au sein des établissements scolaires. Ces formes d’apprentissage de la citoyenneté par la pratique peuvent se traduire par des actions de solidarité, humanitaires, en faveur de l’environnement…

Pourtant, malgré cette incitation institutionnelle, près des deux tiers des élèves de Terminale (63 %) déclarent n’avoir jamais participé à un projet citoyen avec les enseignants de leur lycée. Cette pratique est cependant plus développée dans les lycées privés où 48 % des élèves de Terminale ont déjà participé à un projet citoyen (contre 33 % dans les lycées publics).

Un engagement traditionnellement limité aux délégués

Traditionnellement, l’engagement des élèves dans l’établissement se traduit par l’élection de délégués visant à représenter les élèves, au sein du conseil de classe, du conseil des délégués pour la vie lycéenne (CVL) ou du conseil d’administration (CA). Ces élections représentent pour les élèves une première expérience de la démocratie représentative dans l’espace pré-civique que constitue l’école (comme électeurs, candidats ou élus représentants des élèves).

Au lycée, un élève sur quatre déclare avoir déjà été délégué de classe (ou suppléant). En revanche, les délégués au conseil d’administration et au conseil des délégués pour la vie lycéenne ne représentent, respectivement, que 5 % et 4 % des élèves.

Cette forme de participation à la vie de l’établissement ne concerne, par nature, qu’un nombre limité d’élèves élus. Pour autant, sans être élus, les élèves peuvent faire l’expérience de la vie démocratique par le simple fait de se porter candidat à ces élections internes à l’école. Or, la vie électorale scolaire est caractérisée par une faible compétition électorale, qui limite le nombre des élèves faisant activement l’expérience du jeu électoral. Ainsi, 87 % des élèves qui se sont portés candidats comme délégués sont élus.

Par ailleurs, l’enquête met en évidence que les places de délégués ne sont pas forcément réparties entre les élèves. Ainsi, plus d’un tiers des délégués (de classe, au CA ou au CVL) ont tenu ce rôle à plusieurs reprises sur les trois années de lycée.

Délégué = bon élève ?

42 % des élèves de Terminale considèrent que « les délégués doivent être de bons élèves ». Cet avis est plus marqué en lycée professionnel et moins marqué pour les élèves déclarant avoir de mauvais ou d’excellents résultats scolaires. En réalité, la répartition des délégués selon les résultats scolaires est relativement équitable, hormis pour les élèves déclarant avoir d’excellents résultats, qui sont nettement plus nombreux (41 % des excellents élèves sont délégués de classe, contre 25 % des autres élèves).

Un sentiment de ne pas être écoutés par l’institution

À travers le rôle des délégués, les élèves expriment le sentiment que leur parole n’est pas entendue. Ainsi, un élève de Terminale sur deux considère qu’ « on ne tient pas compte de l’avis des élèves dans les conseils de classe ». Cet avis est plus marqué chez les garçons (54 %) que chez les filles (43 %).

De plus, plus d’un élève de Terminale sur quatre considère que « les délégués prennent des risques vis-à-vis de l’administration, des enseignants et de leurs camarades ».

Dans les deux cas, les élèves déclarant avoir de mauvais résultats sont ceux qui jugent le plus durement la capacité d’écoute de l’institution.

Malgré un faible sentiment d’écoute, un attachement au rôle du délégué

83 % des élèves en Terminale considèrent que « si un élève a un problème, c’est utile que son délégué puisse en parler en conseil de classe ». De plus, les élèves perçoivent la portée citoyenne de l’élection des délégués. Ainsi, pour une grande majorité des élèves en Terminale (59 %), élire leurs délégués permet d’apprendre comment fonctionne un système démocratique. Enfin, ils sont peu nombreux (12 %) à considérer qu’il est « ridicule de se présenter comme délégué de classe ».

Des dispositifs d’engagement civiques trop limités pour faire participer les élèves

Les formes d’engagement proposées dans les établissements concernent un nombre restreint d’élèves. Ainsi, en lycée, seul un élève sur dix a déjà participé à l’élaboration du journal de son établissement ou a été tuteur/tutrice d’autres élèves.

De même, 7 % des élèves de Terminale ont déjà exercé des responsabilités au sein du foyer socio-éducatif ou de la maison des lycéens (lorsque cela existe). La moitié de ces élèves a, par ailleurs, déjà aussi une expérience de délégué.

Ce que dit la recherche

Selon les recherches, la participation des élèves à la vie collective de l’établissement aurait des effets sur leur niveau de connaissances civiques et l’intention de participer aux élections dans le futur (Bozec, Cnesco, 2016).

Ce que pensent les Français

Selon un sondage BVA (2015), pour le Cnesco et la Casden, les Français adhèrent à de nouvelles pédagogies d’éducation à la citoyenneté, plus actives, telles que la participation à la vie collective et à l’organisation de la classe (93 %) et encore la réalisation de projets solidaires et environnementaux (85 %).