Projets innovants autour du bien-être à l'école

Des initiatives sont mises en place dans certaines écoles et certains établissements afin de favoriser le bien-être des élèves et des personnels. Les actions ci-après, identifiées par le Cnesco, donnent un aperçu de plusieurs projets déjà existants.

Le projet « B.A.R à Bonheur » est mené par les 240 élèves de l’école Leclerc à Croissy-sur-Seine (académie de Versailles) et porté par l’ensemble de l’équipe pédagogique. Fruit d’une longue préparation, sa mise en œuvre s’effectue en quatre étapes :

Étape 1 – « identifier un problème » : à partir de la question « quels problèmes vous touchent, vous heurtent dans votre vie à l’école, dans la classe, dans le quartier, dans la ville, dans la société, etc. ? », des problématiques émergent. Un vote est alors organisé pour choisir la problématique qui sera traitée par les élèves : c’est celle de la violence physique et la violence verbale à l’école qui est retenue. Les élèves sont ensuite invités à comprendre individuellement ces violences et à les questionner (« As-tu été victime de violence verbale ou physique ? » ; « Qu’as-tu ressenti ? » ; « Sais-tu ce qui a expliqué cette violence ? », etc.). Celles et ceux qui le souhaitent partagent leur vécu et leurs réactions.

Étape 2 – « imaginer, oser les idées folles » : les élèves choisissent une solution pour remédier aux violences scolaires : la création d’un B.A.R à Bonheur (B. BONHEUR ; A. AMITIÉ ; R. RÉPARATION). Ce B.A.R. à Bonheur est conçu et animé par les élèves pour les élèves, l’enseignant(e) s’assurant seulement que tout se passe bien. Tous les espaces qu’offrent l’école peuvent être utilisés : le préau fermé pour des spectacles ou des activités sportives, la salle de musique pour le chant, la bibliothèque pour raconter des histoires, une classe pour présenter des exposés si besoin du numérique, etc.

Étape 3 – « réaliser » : après des premières expérimentations qui ont connu un franc succès auprès des élèves et l’amélioration du climat scolaire, différents types d’activités sont décidés (« créativité », « jeux », « relaxation », « lecture : raconte-moi une histoire », « débats », « exposés », « découverte/musique »). Les activités sont proposées sur les temps de récréation du matin et de l’après-midi. En fin de semaine, sur le temps de midi un(e) enseignant(e) accueille les élèves pour faire un bilan et organiser le planning de la semaine qui suit, lequel sera diffusé sur le site de l’école « Toutemonannee.com » et affiché dans l’école. Exemple de débat : « Apprendre à voir le verre à moitié plein » ou encore d’une expérimentation : « Est-ce que le blob aime le sel ? ».

Étape 4 – « partager » : les parents sont régulièrement informés sur le site « Toutemonnannee.com » de l’évolution du projet. La mairie, qui a été informée du projet, souhaiterait qu’un espace dédié au B.A.R à bonheur soit intégré dans le projet de végétalisation de la cour. Enfin, l’autre école de la commune pourrait reprendre l’idée.

❝ Le bien-être à l’école, voilà un sujet qui a inspiré les élèves de ma classe. Cela fait maintenant plus de deux années que le B.A.R. à Bonheur fonctionne dans notre école, faisant ainsi de chaque récréation un temps de pause heureux, enrichissant aussi ! C’est toujours une aventure extraordinaire où les élèves se révèlent à eux-mêmes et au regard de l’autre, où les élèves apprennent à adopter une posture réflexive, une attitude responsable et vont s’engager dans leurs missions. Un lieu magique où des liens se tissent, où l’imagination se développe.❞

Béatrice POIGNONEC, professeure des écoles

Contact : beatrice.poignonec@ac-versailles.fr

Le collège Samuel Paty à Valenton (académie de Créteil) a ouvert ses portes en 2021. Depuis son ouverture, il est devenu un établissement attractif dans un environnement d’éducation prioritaire, grâce au dynamisme des équipes éducatives et de plusieurs facteurs pensés dans une approche globale en faveur du bien-être :

Accompagnement des élèves : développement du tutorat entre pairs ; mise en place de formation à la gestion de conflit entre pairs ; organisation de séjours ; mise en œuvre des Parcours éducatifs de la 6e à la 3e (« Citoyen », « Santé », « Éducation artistique et culturelle ») ; « 2 heures de sport en plus au collège » pour les élèves les plus éloignés de la pratique sportive ; ateliers dans le cadre du « dispositif 8h-18h » (SOS Maths, lecture, chorale, reading club, sciences – expériences sympas, gymnastique, échecs, théâtre, sieste contée, concours d’éloquence et bientôt journalisme).

> Focus sur les « Palabres » : un temps d’échange animés par deux enseignants, sur un tapis, dans un espace disponible (espaces interstitiels) sur des sujets lancés par les élèves.

Pause méridienne : repas préparés sur place ; tournois sportifs élèves / professeurs ; CDI ouvert pour des temps calmes ou du travail individuel (mise à disposition de casques antibruit et de plusieurs PC) ; projet jardin et biodiversité.

Lutte contre le harcèlement : visibilité du dispositif pHARe dans l’établissement et élections d’ambassadeurs ; rencontre et échanges avec Noémya Grohan, autrice de « De la rage dans mon cartable » ; réalisation d’un escape game sur le thème du harcèlement ; remise d’un t-shirt NAH et photo officielle du collège.

Bien-être et santé : obtention du label « Édusanté » ; échanges réguliers avec l’infirmière pour les adaptations pédagogiques ; mise en place d’une 4e bien-être avec deux autres collèges du secteur : mise à disposition d’une dizaine de mini-bibliothèques mobiles, de balles anti-stress et d’espaces bien-être dans les classes, 10 séances de sophrologie, 1 axe « Orientation » pour découvrir des métiers que les élèves ne connaissent pas, 1 journée immersion dans un lycée d’excellence et 3 sorties prestigieuses (théâtre, spectacle, visite de lieux culturels en cohérence avec les apprentissages).

Formation et accompagnement des enseignants : formation des enseignants à la gestion de la difficulté scolaire et de l’hétérogénéité des classes (échanges de pratiques et ouverture des classes entre pairs) et accompagnement dans le suivi des élèves par la mise en place de réunions de coordination ; conception et partage d’indicateurs de vie scolaire afin de sensibiliser les personnels à la politique éducative.

Relations avec les parents : mise à disposition d’un espace parents ; temps d’échange réguliers avec les familles (café des parents, temps conviviaux type spectacles, journées à thème, sport du mardi soir, formations à Pronote).

Partenariats avec les acteurs extérieurs : liaison entre l’école et le collège pour le suivi des élèves et mise en place d’une semaine d’intégration des CM2 ; développement d’une « alternative suspension » avec le Service jeunesse de la mairie de Valenton ; labellisation « E3D » (École ou Établissement en Démarche globale de Développement Durable) ; accréditation Erasmus+.

Architecture : collège certifié Haute Qualité Environnementale (HQE), labellisé « Bâtiment passif » (faible consommation d’énergie). De nombreux dispositifs permettent un confort optimal : ventilation double flux pour améliorer la qualité de l’air intérieur et la fraîcheur ; puits de lumière profonds constitués de réflecteurs qui permettent de restituer la lumière du jour ; bonne isolation phonique. Le collège est équipé d’un CDI, d’un foyer des élèves, d’une salle pour les enseignants, d’une salle pour les parents, d’un pôle médico-social, d’un gymnase avec salle multisport et mur d’escalade. Les classes sont équipées d’un mobilier flexible. Les couloirs sont très larges pour permettre des changements de classe sans bousculades. Les professeurs n’ont pas à changer de salle de classe, ce qui leur permet de la personnaliser. La vie scolaire et les espaces de direction sont directement accessibles depuis la cour et ouverts aux élèves.

Salima CHALQUI, principale

« Chaque élève a le droit à la sécurité et à la sérénité pour travailler et réussir » et « Dans notre collège, nous prendrons soin de vos enfants comme nous aimerions que l’on prenne soin des nôtres » : les devises du collège Saint-Exupéry, à Saint-Laurent du Var (académie de Nice), vivent à travers le projet « Bien-être pour bien apprendre, bien-être pour bien enseigner », lancé il y a 6 ans, par Mourad Ighzernali, principal-adjoint.

Le projet est parti d’une volonté d’apporter une réponse pédagogique adaptée aux élèves à besoins éducatifs particuliers. Pour ce faire, l’établissement a développé un partenariat avec le Centre de Référence des Troubles des Apprentissages – CERTA – des hôpitaux pédiatriques Lenval de Nice afin de former les enseignants aux gestes pédagogiques ajustés aux troubles des apprentissages des élèves concernés. Ce partenariat part d’une idée simple : le développement professionnel des adultes est favorable aux élèves, à leurs réussites et leur épanouissement personnel. Les effets ont été immédiats : les enseignants ont été beaucoup plus légitimes pour communiquer avec les familles sur cette problématique et ils ont pu apporter des réponses adaptées aux besoins particuliers des élèves. Une enquête menée en 2023 par Rebecca SHANKLAND et une équipe de chercheurs de l’Observatoire du bien-être à l’école a révélé un taux de satisfaction très élevé des familles.

De ces formations, est née une volonté d’étendre ces pratiques à l’ensemble des élèves, de porter une attention et un soutien inconditionnel aux besoins fondamentaux de chacun. Pour que les élèves puissent bénéficier du même cadre, d’un cours à l’autre, en passant du primaire au collège, d’une salle à l’autre, d’un professeur à l’autre, une réflexion collective a été menée pour mettre en œuvre une approche pédagogique commune et cohérente. Un comité de pilotage s’est constitué avec pour objectif de permettre aux enseignants d’échanger sur leurs pratiques, de les analyser ensemble et d’harmoniser ces dernières.

Cette cohérence et cette cohésion ont trouvé leur fondement dans la mise en place d’une série de rituels pédagogiques et éducatifs orientés vers la recherche de relations de qualité entre les membres de la communauté éducative (élèves-enseignants, mais aussi entre élèves et entre enseignants-parents) et d’un environnement propice aux développements des compétences psychosociales. Ces rituels offrent un cadre lisible, autonomisant et sécurisant pour les élèves. Ils sont par exemple : mise en œuvre d’une météo des émotions, cohérence cardiaque avant les évaluations, faire du passage au tableau un moment de partage et de coopération, etc. Ces rituels reposent sur un geste pédagogique perçu comme un véritable socle fondateur du projet : « savoir observer un élève pour agir et interagir efficacement ».

Dans le cadre du projet, des aménagements des espaces scolaires ont également été prévus. Des classes flexibles ont par exemple été mises en place (choix des surfaces de travail, des types d’assises, des zones d’apprentissage) ou encore un espace de parole, la « Salle Indigo », qui a été pensé par les élèves sous la coordination de la conseillère principale d’éducation, Mme BAYET. Par ailleurs, dès la rentrée, l’établissement met en place un accueil spécifique (tapis rouge, musique, repas avec les parents, lecture des rituels) pour les élèves de 6e. Ces derniers sont accueillis sur le parvis par les élèves de 3e qui sont volontaires pour s’identifier comme « grands-frères » et « grandes sœurs » du collège.

❝ Partir du principe selon lequel un élève qui présente un comportement inadapté cherche à exprimer un besoin place l’enseignant dans une posture professionnelle propice à la recherche de solutions en faveur d’un accompagnement bienveillant, engagé et éthique.❞

Le projet repose aussi sur un leadership positif basé sur un trio de valeurs, support au management bienveillant : motivation-plaisir et reconnaissance. Créer les conditions d’une motivation à se rendre au collège, prendre du plaisir à exercer ou apprendre et recevoir de la reconnaissance sont constitutifs d’une meilleure qualité de vie au travail et à l’école.

Mourad IGHZERNALI, principal adjoint

Le projet « Grandir en humanité » est né en 2021, porté par le chef d’établissement du collège Paul Hermann à Saint-Pierre de La Réunion (académie de La Réunion) et une partie de l’équipe enseignante. Son objectif est de proposer un curriculum, de l’école primaire jusqu’au lycée, en passant par le collège, dont l’objet est le développement des qualités humaines « de cœur et d’esprit », afin de prévenir et de limiter les problèmes de violence en milieu scolaire et de générer plus d’implication des élèves dans les apprentissages.

Le projet « Grandir en humanité » a d’abord été expérimenté pour l’année scolaire 2021-2022 avec toutes les classes de sixième, ainsi que la SEGPA. Il est parti de différents constats à l’échelle de l’établissement : marques d’irrespect, violences verbales ou physiques, liées à une absence de gestion des émotions, notamment de la colère, une communication parfois difficile, une perte de la motivation pour la « chose scolaire ». Les mauvaises relations à l’autre, le manque d’altruisme, des relations à l’environnement parfois dégradées ou irresponsables, ont également été observées à l’extérieur de l’établissement, dans les familles et dans la société en général.

L’établissement a donc décidé d’aborder de manière systémique, en classe et hors de la classe, tous les thèmes en lien avec des qualités, des compétences à développer pour « grandir en humanité ». L’idée est en premier lieu, de sensibiliser les enseignants à ces réflexions afin de les aider à évoluer dans leurs gestes et postures professionnels, à développer ces compétences pour eux-mêmes et à les transmettre à leurs élèves. C’est ainsi que des actions de formation et de sensibilisation ont été menées auprès d’un maximum d’enseignants, portant par exemple les compétences psychosociales (connaissance de soi, confiance en soi, régulation des émotions, développement de sa pensée critique, relation à l’autre, respect, empathie), la relation au monde, l’écologie, etc.

Dans un deuxième temps, une séquence a été dédiée et identifiée dans l’emploi du temps et plusieurs activités ont été proposées aux élèves : pratique d’« ateliers philosophiques » menés par des enseignants, jeux pour développer les compétences psychosociales, ateliers neurosciences, séances de cohérence cardiaque (relaxation) en ULIS, ateliers de pratique corporelle, banc de l’amitié dans la cour, atelier potager et rucher.

❝ Nous avons le souhait de développer tout ce qui fait de l’élève (ou du personnel qui l’accompagne) un être complet, qui ne se réduit pas à une partie de lui-même (celle des compétences scolaires habituelles). Car, souvenons-nous des mots de Ferdinand BUISSON, qui écrivait il y a 100 ans déjà : « C’est une erreur trop commune de s’imaginer qu’il n’y a rien de plus dans un enfant qu’un élève de l’École publique ».❞

D’autres acteurs ont été associés à ce projet : les partenaires du consortium mobilité Erasmus+, l’inspection générale, ainsi que divers instituts ou associations tels que l’Institut coopératif austral de recherche en éducation (ICARE), la fondation Savoir être et vivre ensemble (SEVE), l’association Recherche sur le yoga dans l’éducation (RYE).

Des indicateurs de bien-être des élèves et de réussite scolaire ont permis d’identifier des effets positifs sur les élèves (apprentissages facilités, enfants qui vont mieux, etc.). Le degré de satisfaction professionnelle a été mesuré par un questionnaire auprès des personnels de l’établissement et a également permis de révéler des effets positifs (bien-être personnel et professionnel accru, relations adulte-élèves plus harmonieuses, séances de cours plus fluides et plus efficientes). Enfin, le projet a permis de développer une culture d’établissement, mieux partagée.

Lionel MAILFERT, principal

L’école primaire Marie Curie (anciennement École de Plein Air) à Nîmes (académie de Montpellier), implantée dans un parc arboré de 21 000 m² et disposant d’un bâtiment accueillant, spacieux et lumineux, a développé un projet axé sur le bien-être et l’inclusion. L’École de Plein Air accueille, depuis les années 1980, des élèves de la grande section de maternelle au CM2, atteints d’une pathologie aiguë ou chronique nécessitant des soins infirmiers ou une surveillance particulière la journée, ainsi que des élèves avec des troubles importants des apprentissages sans déficience intellectuelle (4 classes spécialisées de maximum 12 élèves). Dans chaque classe, les élèves bénéficient d’un enseignant spécialisé, d’un ATSEM et d’un AESH. Une infirmière travaille à plein temps dans l’école.

Depuis la rentrée de septembre 2023, et grâce à un partenariat fort entre l’Éducation nationale, la ville de Nîmes et des apports de la recherche en sociologie, l’école a changé de nom et s’est agrandie avec l’ouverture de deux classes dites « ordinaires ». Ces classes accueillent des élèves de la petite section de maternelle jusqu’au CM2. Un projet éducatif et pédagogique commun est mis en place pour accueillir tous les enfants dans leur diversité.

L’objectif de l’école est d’adapter l’enseignement en fonction des besoins des élèves. En effet, pour favoriser l’inclusion scolaire au sein de l’école, tout en préservant la spécificité des classes spécialisées, l’équipe enseignante et éducative a souhaité faciliter les temps de regroupement entre les élèves ayant des pathologies et les élèves des classes « ordinaires ». Cela passe par des projets pédagogiques accessibles à tous les élèves (par exemple, une classe spécialisée reçoit un groupe d’environ cinq enfants du même âge pour des séances de musique, d’anglais, d’EPS, d’échecs… tout au long de l’année et de façon très régulière puisque c’est inscrit dans les emplois du temps) ou des temps réguliers communs où tous les élèves de l’école sont mélangés (accueil, récréations communes, temps méridien organisé en fonction des besoins de élèves : deux services pour manger dans le calme et favoriser le bien être).

❝ Aujourd’hui, ce qui fait la particularité de cette école, unique en France, c’est que l’inclusion est inversée. Ce sont les élèves des classes spécialisées qui accueillent les élèves des classes ordinaires. L’idée est de prendre conscience que l’on peut apprendre les mêmes choses en travaillant ensemble dans un environnement adapté à des particularités individuelles. Une école où les élèves vont apprendre à vivre ensemble, accepter les différences, se respecter et coopérer.❞

Un projet « Notre école, faisons-la ensemble ! » est en cours afin de créer des lieux autour et à l’intérieur de l’école pour favoriser des activités pédagogiques innovantes. Quelques exemples : parcours santé et de motricité adapté en pleine nature, parcours « senteur des garrigues », découverte de la faune et la flore du parc, classe dehors avec du mobilier extérieur, jardin d’école ou encore des lieux accueillants et adaptés pour la pratique des arts plastiques, du théâtre, de la musique en petits groupes, etc.

Par ailleurs, chaque adulte de l’école est particulièrement attentif, bienveillant et à l’écoute des élèves parfois stressés, qui ont eu un parcours de vie ou un parcours scolaire difficile lié à leur pathologie. Des actions sont menées auprès des enfants pour leur apprendre à gérer le stress, comme des temps de relaxation, des exercices de respiration, des activités sur la reconnaissance des émotions. Des actions sont aussi menées pour développer l’attention et prendre confiance en soi (pratique du jeu d’échecs, jouer d’un instrument, pratiquer le chant). Des temps de repos sont possibles pendant la pause méridienne (dortoirs avec lits à disposition).

Le retour est très positif, aussi bien du côté de l’équipe pédagogique et éducative que du côté des élèves et des parents. Les enfants vivent au quotidien les valeurs de respect, de tolérance et d’entraide en les rendant plus sensibles à la différence. De façon assez naturelle, ils adaptent leurs comportements (parlent doucement à la cantine, évitent les gestes brusques à la récréation, etc.). Les adultes sont plus attentifs aux particularités et se questionnent sans cesse sur comment adapter au mieux et comment rendre l’enseignement, les lieux, l’environnement accessibles à tous. Toutes ces adaptations ont des conséquences sur le bien-être à l’école, car on y favorise un climat serein et bienveillant, où chacun est à l’écoute de l’autre.

Antoinette NEWLOVE, directrice de l’école

Le lycée Docteur Charles Mérieux à Lyon (académie de Lyon) a ouvert ses portes à la rentrée 2021. Issu de la transformation d’un bâtiment tertiaire existant en un établissement scolaire, ce nouveau lycée est le fruit de la collaboration entre la région Auvergne-Rhône-Alpes, le Rectorat de Lyon et l’Institut français de l’Éducation – ENS de Lyon.

L’élaboration du projet pédagogique et la conception spatiale et fonctionnelle de l’établissement ont été réfléchies dans le cadre d’un groupe projet piloté par la Délégation Académique au Numérique Éducatif (DANE) de Lyon. Ce groupe constitué d’inspecteurs, d’enseignants, de personnels de direction et de vie scolaire, ainsi que de chercheurs a permis de prendre en compte les enjeux et contraintes de chacun, afin de concevoir le lycée de manière globale et systémique. Quatre dimensions ont ainsi structuré le projet :

La dimension spatiale : adaptation de tous les espaces d’apprentissage, de travail personnel ou collectif (enseignants et élèves), espaces de vie, de circulation et extérieurs en tenant compte des besoins et du confort psycho-physiologique de chacun.

• La dimension temporelle : prise en compte des différents temps d’apprentissage et de travail (durée des séquences, annualisation/ semestrialisation ou hybridation des formations, etc.).

La dimension numérique : investissement massif dans les équipements et ressources numériques et volonté de favoriser des pratiques et usages au service des apprentissages et du développement professionnel des enseignants.

• La dimension expérimentale : vocation à développer des expérimentations et des démarches d’innovation pédagogique en lien avec la recherche par le biais de travaux collaboratifs et d’apports formatifs (formation initiale et continue) en direction des enseignants.

Ainsi, le lycée Docteur Charles Mérieux dispose de salles spacieuses, flexibles, modulables, connectées (outils numériques dans toutes les salles), dont le mobilier et l’aménagement (lumière, acoustique, etc.) sont adaptés à la diversité des pratiques pédagogiques. Un des principes retenus à l’ouverture du lycée a été d’attribuer une salle de cours à chaque classe. D’une part, cela permet de répondre aux contraintes de flux en limitant la circulation des élèves (circulation fluidifiée également par la suppression des sonneries en début et fin de séquences). D’autre part, cet ancrage spatial localisé permet aux élèves de s’approprier l’établissement et de susciter un sentiment d’appartenance. Lorsque la salle n’est pas utilisée pour une séance pédagogique, les élèves peuvent s’y rendre en autonomie. Ces salles, défonctionnalisées, permettent de développer le travail disciplinaire partagé, voire le travail interdisciplinaire, et d’impliquer les élèves dans une démarche d’autonomisation et de les préparer aux études supérieures. Ces salles de cours défonctionnalisées sont équipées de PC portables et de vidéoprojecteurs, d’un mobilier mobile permettant plusieurs configurations de salles, d’une salle collaborative attenante ou encore de casiers élèves. Les salles spécialisées (salles de travaux pratiques entre autres) ont aussi été pensées en ce sens pour les élèves comme pour les personnels.

Le lycée dispose également d’un centre de ressources, d’espaces de détente et de respiration, d’une cafétéria pour les élèves accessibles tout au long de la journée, de deux fablabs et d’un medialab.

Enfin, des projets, temps forts, journées portes ouvertes, accueil des élèves de Seconde, investis par les élèves, mais aussi par de nombreux adultes, participent à créer un sentiment d’appartenance commun.

❝ Ce sentiment d’appartenance allié à une présence et un accès facile aux adultes permet d’apaiser les tensions. Cette relation est la même avec les parents. Elle crée un sentiment de confiance et facilite les relations. Une centaine de parents sont présents à chaque réunion d’information liée à l’orientation et ce quel que soit le niveau.❞

Pierre RONCHAIL, proviseur