PLÉNIÈRE 1 : COMMENT UN SYSTÈME ÉDUCATIF PREND-IL EN COMPTE LA QUESTION DU BIEN-ÊTRE À L’ÉCOLE ET AVEC QUELS INSTRUMENTS ?

Quelles politiques éducatives en faveur du bien-être des élèves à l’école en Finlande ?

Kirsi Pyhältö, université d’Helsinki (Finlande)

À retenir

Kirsi Pyhältö présente les derniers résultats de recherches sur les actions socio-pédagogiques permettant d’améliorer le bien-être des élèves à l’école :

Le bien-être d’un élève peut stimuler ou entraver ses processus d’apprentissage : le bien-être des élèves influence la réussite scolaire et cette réussite influence à son tour leur bien-être.

La Finlande a développé une approche globale visant à accroître le bien-être des élèves tout au long de leur parcours scolaire : trois types d’interventions socio-pédagogiques efficaces ont été identifiés pour promouvoir le bien-être : développer l’engagement de l’ensemble de la communauté scolaire pour assurer un environnement accueillant et des rapports positifs au sein de l’école ; promouvoir le sentiment d’appartenance des élèves ; cultiver les compétences socio-émotionnelles des élèves.

• Ces interventions en faveur du bien-être sont susceptibles d’être plus efficaces si 1/ elles sont organisées dans le cadre d’une approche systémique et globale ; 2/ elles sont intégrées dans le programme d’études et l’organisation des écoles au fil du temps ; 3/ elles sont intégrées dans les cours dans une approche active et participative de l’apprentissage centrée sur l’élève ; 4/ elles sont complétées et appuyées par des interventions ciblées pour les élèves à risque ; 5/ les enseignants sont formés et accompagnés.


Le bien-être des enseignants à travers le prisme des données TALIS et PISA

À retenir

Ruochen Li présente un aspect du bien-être des enseignants : la satisfaction au travail d’après les données de l’enquête Talis 2018 :

Il existe un lien entre l’environnement de travail et la satisfaction professionnelle des enseignants : plusieurs facteurs peuvent influencer la satisfaction des enseignants à l’égard de leur environnement de travail, par exemple le fait de travailler dans un environnement scolaire difficile est particulièrement important.

Les critères d’affectation des élèves dans les écoles/établissements scolaires peuvent avoir une incidence sur la satisfaction professionnelle des enseignants.

Il existe une ségrégation des élèves, mais aussi des enseignants : dans de nombreux systèmes éducatifs, les enseignants plus expérimentés ont une priorité dans le choix de l’endroit où ils souhaitent travailler. Dans le même temps, les nouveaux enseignants sont plus susceptibles d’enseigner dans les environnements les plus difficiles, bien qu’ils soient moins préparés à réussir dans ces circonstances. Cette situation a une incidence sur leur satisfaction professionnelle.


Résultats du baromètre international de la santé et du bien-être des personnels de l’éducation

Marie-Noël Vercambre-Jacquot, Fondation d’entreprise pour la Santé publique (France)

À retenir

Marie-Noël Vercambre-Jacquot présente les résultats de la seconde édition de l’enquête internationale I-BEST, Baromètre international de la santé et du bien-être du personnel de l’éducation :

L’enquête met en évidence la grande diversité du ressenti des personnels de l’éducation à travers le monde, révélant le sérieux malaise des personnels dans certains territoires. Le bien-être général est contrasté à travers le monde ; la santé générale est préservée, mais elle est fragilisée dans sa dimension psychologique ; les indicateurs de bien-être au travail sont préoccupants dans certains pays.

L’enquête met également en évidence la grande diversité des conditions de travail des personnels de l’éducation et pointe des chantiers qui s’imposent à l’international : meilleure valorisation des métiers de l’enseignement ; renforcement de la confiance, notamment dans le lien hiérarchique ; lutte contre la violence à l’école ; amélioration de l’équilibre vie professionnelle/vie privée.

Une évolution contrastée entre 2021 et 2023 des indicateurs santé/travail des enseignants en France, au Québec et en Belgique : l’ensemble des indicateurs ont plutôt évolué favorablement en France, de manière mitigée au Québec, et défavorablement en Belgique. En matière de formation, d’évolution et de salaire, les évolutions sont encourageantes dans les trois pays, pointant vers un certain retour à la normale après la crise du Covid-19.


Se doter d’indicateurs de bien-être à l’école : d’un pilotage systémique à un pilotage local ?

Benoît Galand, université catholique de Louvain (Belgique)

À retenir

Benoit Galand s’intéresse à la mise en place d’indicateurs de bien-être au niveau systémique en Belgique francophone. Il questionne ensuite la pertinence de l’usage de tels indicateurs au niveau des établissements :

Les notions de bien-être et de climat scolaire ne peuvent être réduites à un indicateur unique : en 2014, le gouvernement de la Communauté française de Belgique a lancé un vaste programme de réformes. Dans ce cadre, l’administration générale de l’enseignement a sollicité deux équipes universitaires pour proposer la mise en place d’indicateurs du bien-être à l’école et du climat scolaire. Les chercheurs ont conclu que ces notions étaient loin d’être univoques et ne pouvaient être réduites à un seul indicateur.

Le travail de recherche a permis de constituer des indicateurs multidimensionnels du climat scolaire et du bien-être à l’école auprès des élèves, des équipes éducatives et des parents. Les indicateurs de bien-être reposent sur la perception de soi, tandis que les indicateurs de climat scolaire reposent sur la perception de l’environnement de travail/scolaire.

La simple transposition de ces indicateurs systémiques au niveau local semble peu pertinente : des indicateurs choisis et adaptés localement – éventuellement inspirés des indicateurs systémiques – peuvent servir de points d’entrée et de suivi d’une démarche plus globale d’amélioration concertée.