Des orientations positives actuelles mais des défauts de mise en oeuvre

Une priorité au primaire contrariée par la réforme du collège

En 2012, la France était marquée par un sous-investissement manifeste pour le primaire.

Pourtant, un primaire réussi est le pilier d’une scolarité réussie, particulièrement pour les élèves défavorisés pour lesquels le contexte de scolarisation est plus important.

Ces dernières années ont vu, à raison, l’affirmation d’une priorité au primaire. Les moyens consacrés au primaire ont donc été augmentés.

Pourtant, l’investissement en termes de postes, en cette fin du quinquennat, s’avère assez peu différencié entre le primaire et le collège, notamment du fait de la nouvelle priorité donnée à la réforme du collège.

Au-delà des efforts quantitatifs, l’investissement dans le primaire doit passer aussi par un plan de formation continue ambitieux, notamment en mathématiques (Cnesco, 2015) et autour du dispositif « Plus de maîtres que de classes » pour lui donner toute son efficacité.

Des nouveaux programmes de qualité, mais une introduction précipitée

La création du Conseil supérieur des programmes (CSP) a permis une rénovation complète des programmes scolaires de l’enseignement obligatoire. Le Cnesco a pu évaluer positivement la qualité de leur contenu en organisant deux conférences de consensus sur des thématiques majeures de l’école obligatoire : l’apprentissage des mathématiques au primaire et la compréhension de la lecture.

Mais l’exercice présente des limites :

  • Une précipitation dans la mise en œuvre

La décision de renouveler tous les programmes de toutes les années de l’enseignement obligatoire dès la rentrée 2016 ne permet pas une formation continue de l’ensemble des 717 496 de professeurs concernés.

  • Un soutien aux enseignants retardé

Les documents d’accompagnement, qui aux côtés des programmes permettent de faciliter la mise en œuvre, ont été publiés tardivement et n’ont donc pas permis de préparer la rentrée 2016 dans de bonnes conditions.

  • Une gouvernance à améliorer

Dans le futur, le CSP devra davantage être associé dans la production de documents d’accompagnement. Un suivi rigoureux de la mise en œuvre des nouveaux programmes devra être réalisé en associant également ce Conseil.

Des politiques de lutte contre le décrochage plutôt positives

Malgré une forte baisse du décrochage depuis plusieurs décennies, les inégalités sociales en matière de décrochage sont restées constantes dans les années 2000 (Bernard, Cnesco, 2016). L’écart de décrochage entre élèves favorisés et défavorisés est resté très stable.

Sur la période 2006-2009, un enfant d’ouvrier avait 3,5 fois plus de risques de décrocher qu’un enfant de cadre.

Sur les dernières années, grâce à une politique volontariste, ce phénomène a plus encore reculé. Selon Eurostat, en 2015, le décrochage concernait 9 % des jeunes, soit 6 points de moins qu’en 1995. Le taux de décrochage a donc nettement chuté en France et est inférieur à la moyenne européenne.

Cependant, Bernard (Cnesco, 2016) souligne que des politiques volontaristes de lutte contre le décrochage telles qu’engagées aujourd’hui (par exemple, le site internet « reviens te former ») auront un impact très positif sur la réduction des inégalités.

Selon le Boston Consulting Group (2012), le décrochage d’un jeune entraîne un surcoût pour la société d’au moins 230 000 €.

Zoom sur... le plan de lutte contre le décrochage (2014)

Le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a lancé, en 2014, un plan « Tous mobilisés pour vaincre le décrochage scolaire ».

Des actions positives ont été mises en place :

  • Coopération des équipes éducatives et avec les partenaires extérieurs (« alliances éducatives »)
  • Renforcement du dialogue entre les parents et l’École (mallette parents, espaces parents)
  • Soutien de la formation à la prévention du décrochage (plan de formation 2016)
  • Un accompagnement personnalisé et un parcours aménagé
  • Possibilité de conserver les notes supérieure à 10 après un premier échec à l’examen

Cette politique, dans la continuité de celle des efforts déjà menés sous le quinquennat précédent, montre qu’un consensus national autour d’une priorité éducative permet d’avoir des résultats positifs.

Une évaluation non exhaustive des élèves

Depuis la fin des années 90, les évaluations standardisées des résultats des élèves sur des échantillons nationaux ont considérablement reculé dans le secondaire mais aussi au primaire.

Après des années de disparition, les évaluations standardisées reviennent en CE2. Si la mise à disposition d’une banque de données d’items permet aux enseignants de maîtriser davantage l’évaluation de leurs élèves, elle doit, dans les années à venir, s’accompagner aussi de repères nationaux sur les résultats des élèves français. Ceci permettra aux enseignants de positionner chacun de leurs élèves et leur classe, à la fois par rapport aux performances réelles des autres élèves français, et par rapport à des attendus nationaux.

Ils l'ont déjà fait ailleurs...

En Allemagne, suite au choc PISA de 2000,un nouveau système d’évaluation des élèves et des établissements permet désormais aux enseignants de se référer à des objectifs nationaux dans ce pays jusqu’alors très décentralisé.

En Suisse, de la même façon, les différents cantons sont engagés dans la production d’une évaluation harmonisée des acquis des élèves, le dispositif Harmos.

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