Inégalités de résultats


Le Cnesco a publié un rapport scientifique sur l’ampleur des inégalités sociales à l’école. Ces inégalités se retrouvent, de plus en plus, dans les résultats des élèves. 

 

Hausse des inégalités sociales : convergence des études françaises et internationales

Depuis 10 ans, PISA a montré une aggravation des inégalités sociales dans l’école française. Dans le même temps, elles se réduisaient dans les pays de l’OCDE, et tout particulièrement dans les pays très inégalitaires comme l’Allemagne, la Suisse ou les États-Unis, qui ont entamé des politiques volontaristes pour davantage de justice sociale.

Mais cette étude internationale reflète-t-elle la réalité ? A-t-on le bon thermomètre ?

Les résultats des études françaises convergent avec PISA pour montrer que les inégalités scolaires se sont creusées en France. Ainsi, en 2012, les évaluations DEPP pour la LOLF révèlent que les élèves des établissements les plus défavorisés ne maîtrisent que 35 % des compétences attendues en français en fin de 3e, contre 60 % en 2007. En parallèle, les élèves des établissements les plus favorisés maîtrisent au moins 80 % des compétences requises (Rocher, Cnesco, 2016).

Les études les plus récentes montrent que ces phénomènes s’inscrivent bien dans la durée. En ce qui concerne la maîtrise de la langue, la dernière enquête de Cedre (2015) a été renouvelée pour le collège et interdit une comparaison avec les résultats de 2003 et 2009, mais les élèves d’éducation prioritaire ont toujours des résultats très inférieurs aux autres : 27, 4 % d’entre eux sont en grande difficulté, voire en très grande difficulté (contre 14,9 % hors éducation prioritaire) et les disparités restent liées à l’origine sociale des élèves. En mathématiques, entre 2008 et 2014, la corrélation entre la réussite scolaire et l’origine sociale des élèves s’est renforcée, sans fléchissement des résultats des collèges les plus favorisés ce qui confirme l’évolution qu’indique PISA.

Au total, d’après les enquêtes nationales et internationales, d’après ces résultats, la France est ainsi devenue le pays avec l’école la plus inégalitaire de l’OCDE, cette tendance s’inscrit désormais dans la durée.

 Données : OCDE-DEPP

Le rapport du Cnesco met en évidence un déterminisme socio-culturel plus important en France que dans les autres pays de l’OCDE, particulièrement en augmentation sur les mathématiques.

Une dégradation liées à la baisse des résultats des élèves défavorisés

La forte augmentation des inégalités en France s’explique, avant tout, par une nette baisse du niveau des élèves défavorisés, en mathématiques comme en compréhension de l’écrit. Ainsi, au-delà de l’augmentation des inégalités, la France fait partie des pays de l’OCDE dont le niveau des élèves défavorisés baisse le plus entre 2003 et 2012 (Cf. graphique ci-dessous, cadran bas à droite).

À l’opposé, le graphique ci-dessous montre que c’est majoritairement en développant des politiques éducatives qui ont réussi à faire progresser le niveau scolaire des élèves les plus défavorisés que des pays sont parvenus à réduire les inégalités sociales à l’école. C’est notamment le cas des États-Unis et de la Norvège (Cf. graphique ci-dessous, cadran en haut à droite).

Une stabilisation, voire une amélioration du niveau des élites

La situation de la France évolue à contre-courant de la plupart des autres pays. Felouzis et al. (Cnesco, 2016) s’intéressent aux évolutions des inégalités scolaires en France, concernant la compréhension de l’écrit entre 2000 et 2012. Le score moyen des élèves défavorisés baisse. De plus, quand la moyenne de l’OCDE enregistre une baisse de 13 points sur le score moyen des 20 % les plus favorisés au plan socio-économique, la France accroît son score de + 18 points pour ces mêmes élèves.

Ces résultats ne se retrouvent pas en mathématiques.

Des inégalités limitées en maternelle et au primaire et multipliées au collège

Le rapport du Cnesco montre une évolution des inégalités tout au long de la scolarité obligatoire. La maternelle et le primaire semblent réussir à stabiliser les inégalités. En revanche, le collège apparaît comme un multiplicateur d’inégalités.

Contributions citées