Résultats scolaires


Des résultats scolaires inégaux selon les territoires

Le diplôme national du brevet (DNB) évalue le niveau scolaire des élèves en fin de collège. Il existe un lien particulièrement fort entre les caractéristiques socio-spatiales du quartier dans lequel est localisé un collège et son taux de réussite aux épreuves écrites du DNB, avant majoration éventuelle par un jury. L’analyse croisée du Cnesco révèle des inégalités de réussite extrêmement fortes selon les types de territoires et les départements d’Île-de-France.

Un taux de réussite au DNB global inférieur dans les territoires les plus défavorisés

Le taux de réussite moyen au DNB en Île-de-France est de 87,3 % en 2017. La figure ci-après présente les résultats par type de territoires et par département.

Taux de réussite au DNB global (contrôle continu et épreuves écrites) en Île-de-France (2017)

On remarque que les scores de réussite sont plus importants et quasiment au même niveau dans les trois types de territoires les plus favorisés : 88,9 % dans les territoires parisiens et de banlieue très favorisés, 90 % dans les banlieues résidentielles favorisées et 89,7 % dans les territoires densément peuplés hors petite couronne.

Concernant les territoires défavorisés et les territoires cumulant le plus de difficultés socio-économiques, ces derniers enregistrent des taux de réussite au DNB globalement légèrement inférieurs à ceux des territoires les plus favorisés (respectivement 84,4 % et 82,8 %). On note que :

  • au sein des territoires cumulant le plus de difficultés socio-économiques, c’est à Paris que les élèves réussissent le plus (85,5 %, contre 82,8 % en moyenne) ;
  • dans les Yvelines, les élèves sont moins nombreux à réussir dans les territoires cumulant le plus de difficultés socio-économiques (80,8 %, contre 82,8 % en moyenne).

Au total, si les territoires défavorisés présentent des résultats scolaires plus faibles que les zones les plus favorisées, l’indicateur global du DNB qui intègre contrôle continu et épreuves écrites, met en évidence des disparités de réussite selon les territoires qui peuvent sembler faibles.

Les résultats aux épreuves écrites du DNB révèlent des inégalités territoriales de réussite importantes

Dans un second temps, l’analyse a été conduite en intégrant uniquement les résultats des élèves aux épreuves écrites du DNB. L’étude des épreuves écrites est intéressante, car cet examen externe permet une meilleure comparaison des performances scolaires entre les collèges qui peuvent présenter des pratiques de notation en contrôle continu très variables.

Le choix de cet indicateur se révèle en effet pertinent pour l’analyse des inégalités scolaires d’origine territoriale.

L’analyse fine du Cnesco, à partir des seules épreuves écrites du DNB, révèle des disparités de réussite entre les territoires importantes. Lorsque l’on considère uniquement le taux de réussite aux épreuves écrites du DNB, on constate que les taux de réussite varient du simple au double selon le type de territoires (57,5 % de réussite dans les territoires parisiens et banlieue très favorisée et 24,3 % dans les territoires cumulant le plus de difficultés socio-économiques, contre 42,8 % en moyenne).

Taux de réussite aux épreuves écrites du DNB en Île-de-France (2017)

Comment fonctionne le diplôme national du brevet (DNB) ?

Le diplôme national du brevet (DNB) évalue les connaissances et les compétences acquises à la fin du collège. L’attribution du brevet ne conditionne pas l’accès à une classe supérieure en fin de troisième. Depuis la rentrée 2018, l’obtention du DNB repose sur l’évaluation du socle commun (50 % de la note) et cinq épreuves obligatoires passées en fin du cycle 4 en classe de troisième (50 % de la note). L’élève est reçu s’il obtient 400 points sur 800. Selon le total des points obtenus il peut se voir attribuer une mention.

  • Contrôle continu (400 points) : la maîtrise de chacune de huit composantes du socle commun est appréciée lors du conseil de classe du 3e trimestre de la classe de 3e.
  • Une épreuve orale (100 points) : l’épreuve orale porte sur un projet mené en histoire des arts ou dans le cadre d’un enseignement pratique interdisciplinaire (EPI) ou de l’un des parcours éducatifs. Cette épreuve peut être réalisée via un entretien individuel (15 min / 100 points) ou un entretien collectif (25 min / 100 points).
  • Quatre épreuves écrites (300 points) : les épreuves écrites portes sur le français (3h / 100 points), les mathématiques (2h / 100 points), l’histoire et la géographie (2h / 50 points), les sciences (1h / 50 points).
  • Option (10 à 20 point de bonus) : le latin, le grec, les langues et cultures européennes, les langues et culture régionales, la découverte professionnelle… peuvent être passés en option.

Depuis plusieurs années, la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) souligne dans ses notes d’information (voir par exemple Notes 07.33, 07-Mars 2014, 06-Mars 2016) d’une part les écarts importants entre les notes au contrôle continu et les notes aux épreuves écrites, et d’autre part des taux de réussite peu élevés aux épreuves écrites en comparaison des résultats globaux au DNB (contrôle continu et épreuves écrites).

L’analyse également montre un lien important entre la composition sociale moyenne des établissements et le taux de réussite lorsque l’on considère uniquement le résultat du DNB aux épreuves écrites. Ainsi, la corrélation entre le taux de réussite au DNB et l’indice de position sociale, appelé IPS, (Depp, Rocher, 2016) est égale à 0,88 quand on ne comptabilise que les épreuves écrites.

Il existe également des différences de réussite selon les départements. C’est au sein de la catégorie des territoires cumulant le plus de difficultés socio-économiques que les disparités de réussite sont les plus importantes. En effet, les Yvelines ont un taux de réussite aux épreuves écrites du DNB qui n’atteint que 16,4 % alors que le taux de réussite de la Seine-et-Marne est de 29,9 %. La Seine-Saint-Denis quant à elle, se trouve en position moyenne dans ce type de territoires cumulant le plus de difficultés socio-économiques.

Sur les 100 établissements qui ont les taux de réussite aux épreuves écrites du DNB les plus faibles, 95 établissements sont situés dans les territoires défavorisés (42 collèges) ou un territoire cumulant le plus de difficultés socio-économiques (53 collèges).

Trois départements se distinguent dans l’analyse des résultats aux épreuves écrites du DNB (voir encadré ci-dessous).

Portraits de départements singuliers

Les Yvelines est le département qui voit ses résultats aux épreuves écrites du DNB les plus opposés : les territoires de banlieue résidentielle favorisée réussissent davantage que la moyenne des départements pour ce type de territoires (56,3 %, contre 53 %) alors que ce taux de réussite plafonne à 16,4 % dans les territoires cumulant le plus de difficultés socio-économiques (contre 24,3 % en moyenne).

Les établissements localisés en Seine-et-Marne sur les territoires défavorisés ou les territoires cumulant le plus de difficultés socio-économiques réussissent davantage aux épreuves écrites du DNB par rapport à la moyenne en Île-de-France (respectivement 40,8 % contre 33,3 % en moyenne et 29,9 % contre 24,3 % en moyenne). En outre, les collèges situés dans les banlieues résidentielles favorisées affichent un taux de réussite inférieur à la moyenne (45,5 % contre 53 % en moyenne).

Les établissements parisiens localisés dans des zones défavorisées et les territoires cumulant le plus de difficultés socio-économiques ont un taux de réussite aux épreuves écrites du DNB supérieur à la moyenne des collèges localisés dans ce type de territoires (41,7 %, contre 33,3 % en moyenne et 30,3 %, contre 24,3 % en moyenne).

Une influence du territoire sur la réussite aux épreuves écrites du DNB pour des collèges socialement comparables

Le territoire d’implantation d’un collège peut-il avoir une influence sur les résultats des élèves ? Sans chercher à répondre totalement à une question aussi complexe, une des analyses de l’enquête a cherché à comparer les résultats d’établissements aux épreuves écrites du DNB qui étaient proches par leur composition sociale mais implantés dans des territoires sociaux différents. On a choisi de le faire pour une des quatre catégories de collèges la plus conséquente numériquement dans les cinq types de territoires : les établissements défavorisés peu ségrégués.

On remarque qu’au sein de cette catégorie d’établissements comparables, les collèges situés sur des quartiers plus favorisés affichent un taux de réussite aux épreuves écrites du DNB supérieur à ceux localisés sur un territoire défavorisé : 37,9 % dans les territoires parisiens et de banlieue très favorisés contre 27,9 % dans les territoires cumulant le plus de difficultés socio-économiques. Autrement dit, les établissements mixtes défavorisés semblent présenter de meilleurs résultats scolaires quand ils sont implantés dans des territoires plus favorisés.

Taux de réussite aux épreuves écrites du DNB des collèges mixtes défavorisés, selon le type de territoires (2017)

Plusieurs pistes d’interprétation peuvent être données de ce constat très exploratoire. Tout d’abord une explication liée à la construction statistique de la catégorie « établissements mixtes défavorisés ». Cette catégorie en elle-même peut recouper des établissements qui présentent des compositions sociales proches mais non exactement similaires. Il apparait en effet que la composition sociale du public scolaire des établissements de cette catégorie est plus défavorisée dans les territoires eux-mêmes plus défavorisés. Ainsi la part d’enfants d’ouvriers dans notre enquête dans les établissements mixtes défavorisés varie selon les territoires (territoires de banlieues résidentielles favorisées à 41,4 % et territoires cumulant le plus de difficultés socio-économiques à 46,3 %). D’autres pistes d’interprétation plus qualitative doivent être explorées à l’avenir (turnover des enseignants, turnover des personnels de direction, évaluation des élèves, etc.)