Au niveau des établissements


Quel accompagnement des élèves en collège et en lycée ?

L’enquête inédite du Cnesco auprès des chefs d’établissement permet d’apporter un éclairage sur l’accompagnement des élèves dans leur parcours d’orientation. Les réformes récentes se sont concentrées sur les élèves de Terminale : si les classes bénéficient effectivement de deux professeurs principaux, les deux semaines dédiées à l’orientation n’ont pu être mises en place, faute de temps, que dans un tiers des établissements lors de cette première année de mise en œuvre de la réforme. Selon les résultats de l’enquête, les conseillers d’orientation (PsyEN) interviennent dans les établissements lors des conseils de classe et lors d’entretiens individuels ou de rencontres collectives. Enfin, l’enquête montre que les établissements sont mobilisés, déploient des moyens dédiés à l’orientation et s’ouvrent sur l’extérieur (particulièrement sur les entreprises et l’enseignement supérieur).

 

Le point méthodologique

Afin d’apporter un éclairage sur l’accompagnement des élèves dans leur parcours d’orientation, le Cnesco a mené une enquête inédite auprès de 1 271 chefs d’établissement de collèges et lycées publics (les conseillers d’orientation – PsyEN – n’étant pas présents dans les établissements privés, le questionnaire n’était que partiellement pertinent pour cette population). L’enquête a été administrée en juillet 2018 via un questionnaire en ligne. Une pondération a été appliquée afin que l’échantillon soit représentatif de la population des établissements scolaires français publics.

Réformes récentes de l’orientation : une mise en œuvre hétérogène la première année

Fin 2017, deux mesures ont visé à améliorer l’accompagnement des élèves de Terminale dans leur orientation : l’introduction d’un deuxième professeur principal pour les classes concernées et l’organisation de deux semaines consacrées à l’orientation dans l’établissement. Auparavant, en 2015, le Parcours Avenir avait été mis en place afin d’intégrer l’orientation dans chaque discipline. L’enquête du Cnesco interroge la mise en œuvre de ces dispositifs.

Deux professeurs principaux en Terminale // Forte mise en oeuvre

Depuis décembre 2017, les proviseurs doivent désigner deux professeurs principaux par classe de Terminale dans l’objectif d’accroitre l’aide accordée aux élèves dans leur orientation.

89 % des proviseurs déclarent qu’il y a deux professeurs principaux pour chaque classe de Terminale dans leur établissement.

11 % des proviseurs n’ont donc pas appliqué cette mesure durant l’année scolaire 2017-2018. Les deux tiers des proviseurs ne l’ayant pas mis en place déclarent un manque de volontaires ou de personnes disponibles.

Deux semaines consacrées à l’orientation en Terminale // Mise en oeuvre partielle

En novembre 2017, la réforme de l’entrée dans l’enseignement supérieur a rendu obligatoire la mise en place de deux semaines consacrées à l’orientation pour l’ensemble des classes de Terminale : une avant le premier conseil de classe (en décembre) et une autre avant le deuxième conseil de classe (entre janvier et mars).

Seuls un tiers des chefs d’établissement déclarent avoir pu mettre en place ces deux semaines obligatoires sur l’année scolaire 2017-2018. La mesure a été nettement moins appliquée dans les lycées professionnels (27 % contre 38 % dans les lycées d’enseignement général et technologique).

La moitié des proviseurs n’ont, en réalité, pu mettre en place qu’une seule semaine, très majoritairement celle venant avant le deuxième conseil de classe (40 % contre 10 % pour celle avant le premier conseil de classe).

Enfin, dans un établissement sur cinq, aucune semaine de l’orientation n’a été balisée pour les élèves de Terminale.

Contenu des semaines de l'orientation

Lorsque les établissements ont pu mettre en œuvre au moins une semaine dédiée à l’orientation, le contenu de ces semaines a donné lieu à divers formats d’activités : rencontres avec des professionnels (56 %) ou des étudiants (54 %), participation à des événements hors de l’établissement (52 %) et aide à la recherche d’information (50 %),  immersion en université (39 %). À un moindre niveau, certains établissements ont proposé un temps laissé pour la recherche d’information ou la rencontre du conseiller d’orientation (PsyEN) (23 %, un stage ou une immersion en entreprise (22 %). De même, peu d’établissements ont proposé des aides à la définition des compétences et appétences (22 %) et à la décision (10 %). Au total, les activités organisées visent davantage à faire découvrir les métiers et les formations, parfois dans le cadre de formats novateurs, qu’à accompagner les élèves dans le premier travail de construction du choix d’orientation qui porte sur la définition de leurs compétences et appétences personnelles.

Parcours Avenir // Mise en oeuvre partielle

Créé par la loi de 2013, le Parcours Avenir est un dispositif visant à intégrer l’orientation au programme de chaque discipline. Un arrêté ministériel du 1er juillet 2015 précise que le Parcours Avenir doit être formalisé et porté notamment auprès des conseils d’enseignement, du conseil pédagogique et du conseil d’administration.

L’enquête du Cnesco montre que la formalisation du Parcours Avenir est différente en collège et en lycée. Ainsi, en collège, 73 % des chefs d’établissement déclarent avoir formalisé le Parcours Avenir, contre seulement la moitié en lycée (53 %).

Les chefs d’établissement s’estiment très peu accompagnés dans cette formalisation. Ainsi, en collège, alors que le Parcours Avenir a été largement mis en œuvre, 41 % des principaux déclarent n’avoir reçu aucun accompagnement. A contrario, les lycées ont bénéficié d’un accompagnement plus important (29 % n’ont pas été accompagnés) mais qui n’a pas suffi pour obtenir une forte formalisation.

Une place à conforter pour les conseillers d’orientation (PsyEN)

L’enquête du Cnesco a permis d’interroger les chefs d’établissement sur la place accordée aux conseillers d’orientation (PsyEN) dans les collèges et lycées publics, en termes de moyens mais également en termes de capacité d’action pour accompagner les élèves.

Les conseillers d’orientation (PsyEN) partagent leur temps entre un ou plusieurs établissements publics et un Centre d’information et d’orientation (CIO). En moyenne, en France, il y a un conseiller d’orientation (PsyEN) pour 1 200 élèves scolarisés dans le public (MEN, 2018).

  • Présence dans l’établissement

Dans la majorité des établissements (73 % des lycées et 64 % des collèges), les conseillers d’orientation (PsyEN) passent au moins une journée par semaine dans l’établissement. Ils disposent également d’un bureau attitré dans 77 % des lycées et 63 % des collèges.

Seuls 12 % des collèges et 5 % des lycées voient le temps de présence des conseillers d’orientation (PsyEN) réduite à moins d’une demi-journée par semaine.

  • Participation au conseil de classe

La participation des conseillers d’orientation (PsyEN) aux conseils de classe est très répandue au collège et plus en retrait au lycée.

Dans deux tiers des collèges (69 %), les conseillers d’orientation (PsyEN) assistent à des conseils de classe. Leur participation est plus importante au moment des deuxième et troisième trimestres (32 % au premier, 52 % au deuxième, 60 % au troisième). Les collèges en éducation prioritaire intègrent beaucoup plus souvent les conseillers d’orientation (PsyEN), à chacune de ces étapes (jusqu’à 74 % au troisième trimestre).

En lycée, 56 % des proviseurs déclarent que les conseillers d’orientation (PsyEN) assistent aux conseils de classe où sont proposées les décisions d’orientation et/ou où sont remplies les fiches avenir. Cette pratique est moins développée dans les lycées professionnels (les conseillers d’orientation (PsyEN) assistent à ces conseils de classe dans 49 % des lycées professionnels contre 63 % dans les lycées d’enseignement général et technologique).

Dans la majorité des établissements, les rencontres avec les conseillers d’orientation (PsyEN) peuvent se faire sur la base de demandes d’élèves (73 % des établissements pour les élèves de 3e comme pour les élèves de Terminale) ou d’un repérage par l’équipe éducative (69 % des établissements pour les élèves de 3e, 71 % pour les élèves de Terminale).

Plus de la moitié des principaux de collège (58 %) déclarent que les PsyEN ne peuvent pas rencontrer systématiquement tous les élèves de 3e. En lycée, ce sont 37 % des établissements où les conseillers d’orientation (PsyEN) rencontrent systématiquement tous les élèves de Terminale.

Si le faible nombre des conseillers d’orientation (PsyEN) rend difficile une généralisation des entretiens individuels, les conseillers d’orientation (PsyEN) organisent, par contre, des actions collectives au sein des établissements. Dans la quasi-totalité des établissements (86 % en collège, 85 % en lycée), les conseillers d’orientation (PsyEN) interviennent devant les classes.

Dans environ un tiers des établissements, ils procèdent également à des entretiens collectifs, animent des ateliers thématiques ou organisent une cellule de suivi ou un groupe de prévention du décrochage scolaire.

Les sorties et rencontres avec des professionnels ne sont, quant à elles, que très rarement organisées par les conseillers d’orientation (PsyEN).

 

Une mobilisation des acteurs extérieurs à l’établissement

Les chefs d’établissement déclarent faire intervenir de nombreux acteurs dans l’accompagnement des élèves à l’orientation. Les entreprises, les lycées et établissements d’enseignement supérieur ainsi que les anciens élèves apparaissent en premier lieu. À un moindre niveau, les associations et les parents d’élèves sont également parfois sollicités.

  • Mobilisation des entreprises

Les établissements entretiennent des liens avec les entreprises. En lycée, ils sont même très nombreux (82 %) à déclarer travailler de manière récurrente avec certaines entreprises (40 % des collèges), principalement dans les lycées professionnels (93 % contre 69 % dans les autres lycées). Seuls 13 % des collèges et 6 % des lycées n’entretiennent aucun lien avec des entreprises.

En lien avec les entreprises, les établissements développent principalement deux types d’actions : présentation de métiers par des professionnels (63 % des collèges, 76 % des lycées) et visites d’entreprises (55 % des collèges, 77 % des lycées). À un moindre niveau, des professionnels peuvent être invités à présenter leur entreprise (37 % des collèges et 56 % des lycées) ou à proposer du tutorat/mentorat (27 % des collèges et 12 % des lycées).

  • Mobilisation des lycées et établissements d’enseignement supérieur

Selon les chefs d’établissement, il est fréquent que des représentants de lycées (pour les collégiens) ou de l’enseignement supérieur viennent présenter leur établissement et ses filières aux élèves et/ou aux parents (77 % des collèges, 79 % des lycées), que des visites d’établissement soient organisées (76 % des collèges, 68 % des lycées) et que des échanges avec des lycéens ou des étudiants soient proposés (53 % des collèges, 66 % des lycées). Les lycéens ont d’autant plus de chances de disposer d’un temps d’échange avec des étudiants si leur établissement accueille une classe préparatoire ou une formation STS.

  • Mobilisation des associations

Les établissements entretiennent parfois des relations avec des associations en lien avec l’orientation. C’est le cas dans 43 % des collèges et 54 % des lycées. En éducation prioritaire, ce type de partenariats est plus développé.

Les associations sont alors sollicitées pour participer à la déconstruction des stéréotypes (18 % des collèges, 32 % des lycées), pour faciliter le dialogue avec les familles (12 % des collèges, 27 % des lycées) ou pour des actions de coaching/conseil en orientation (7 % des collèges et 18 % des lycées).

  • Mobilisation d’anciens élèves

La quasi-totalité des proviseurs de lycée déclarent solliciter d’anciens élèves afin qu’ils présentent les métiers, les filières ou les voies d’enseignement vers lesquels ils se sont orientés (95 %). Cette pratique est également très répandue en collège (70 %).

  • Mobilisation de parents d’élèves

Les parents sont relativement peu sollicités pour témoigner de leur parcours. Ainsi, en 3e, 35 % des collèges font intervenir des parents pour présenter leur métier. En Terminale, ils sont moins de 17 % (deux fois moins dans les lycées professionnels que dans les autres lycées).

 

La dimension orientation prise en compte dans l’organisation de l’établissement

Au regard des déclarations des principaux et des proviseurs, les établissements semblent accorder des moyens à l’orientation et à l’accompagnement des élèves dans leur parcours : financement, temps dédié, accès à la documentation, mobilisation des professionnels de l’établissement. Sur plusieurs dimensions (budget spécifique, informations numériques), les lycées professionnels semblent mobiliser moins de ressources pour l’orientation que les lycées d’enseignement général et technologique.

La quasi-totalité des principaux et des proviseurs déclarent que l’orientation est inscrite dans le projet de leur établissement (93 % en collège, 89 % en lycée).

Un certain nombre ont la capacité d’allouer des financements à l’orientation. Ainsi, 43 % des chefs d’établissement, en collège comme en lycée, déclarent que leur établissement alloue des moyens financiers spécifiques à l’orientation. En lycée, des écarts importants d’allocation de budget à l’orientation existent entre les lycées professionnels (dans 34 % d’entre eux) et les lycées d’enseignement général et technologique (53 %).

S’ils n’en ont pas l’obligation, certains conseils départementaux (pour les collèges) et conseils régionaux (pour les lycées) participent également au financement lié à l’orientation. Ainsi, 14 % des principaux de collège et 6 % des proviseurs de lycée ont déclaré que le département ou la région leur allouait des fonds spécifiquement dédiés à l’orientation.

Dans les emplois du temps, des temps accordés à l’orientation apparaissent principalement pour les classes de 3e et de Terminale, années décisives des choix d’orientation. Cependant, sur les autres années de la scolarité, le temps sanctuarisé pour l’orientation est nettement plus faible.

Les chefs d’établissement considèrent que ce temps consacré à l’orientation se déroule principalement à travers des heures de vie de classe dédiées à la thématique (87 % en 3e, 69 % en Terminale) et des journées balisées (79 % en 3e, 76 % en Terminale). L’orientation peut également être intégrée lors de séquences en classe (38 % en 3e, 40 % en Terminale).

Dans la quasi-totalité des établissements (95 % en collège, 94 % en lycée) des informations sur les filières et les métiers sont disponibles au format papier au sein du CDI. En revanche, peu d’établissements (16 % des collèges et 40 % des lycées) proposent  de la documentation au format papier sur les bourses et aides liées à la mobilité.

Les élèves semblent avoir accès à une documentation actualisée. En effet, 69 % des principaux et 80 % des proviseurs ont déclaré avoir reçu, durant l’année scolaire, de la documentation à destination des élèves (ou de leurs parents) de la part du Service académique d’information et d’orientation (SAIO).

Cependant, les informations numériques liées à l’orientation sont parfois moins accessibles. 66 % des collèges et 63 % des lycées disposent de logiciels spécifiquement dédiés à l’orientation permettant un accès numérique au sein du CDI. En lycée, d’importants écarts d’équipement apparaissent entre les lycées professionnels (55 %) et les lycées d’enseignement général et technologique (72 %).

Les chefs d’établissement considèrent très largement (81 % en collège et 81 % en lycée) qu’il est facile de mobiliser l’équipe éducative de l’établissement autour de la problématique de l’orientation. Dans 87 % des collèges et 92 % des lycées, l’équipe éducative se réunit au moins une fois dans l’année pour aborder l’orientation. Dans la moitié des lycées (52 %) et 39 % des collèges, l’équipe se réunit trois fois ou plus dans l’année sur ce sujet de l’orientation. 

Selon les chefs d’établissement, les acteurs les plus impliqués dans l’orientation, outre les conseillers d’orientation (PsyEN) et eux-mêmes, sont les professeurs principaux (85 % en collège, 86 % en lycée). Les conseillers principaux d’éducation sont nettement moins impliqués (19 % en collège et 33 % en lycée).

De leur côté, les chefs d’établissement sont nombreux à souligner leur manque de formation à l’orientation, alors qu’ils sont chargés de la décision finale à chaque fin d’année scolaire. Seuls 27 % des principaux de collège et 36 % des proviseurs de lycée déclarent avoir été formés spécifiquement à l’orientation en tant que chefs d’établissement. Au total, quatre chefs d’établissement sur dix n’ont jamais été formés à l’orientation durant leur carrière.

 

Deux actions phares : le stage de 3e et le forum des métiers

Les chefs d’établissement sont attachés au stage de 3e. Ils sont très peu nombreux à vouloir le supprimer (2 %) ou le réserver uniquement à certains élèves (14 %). Ils considèrent, a contrario, qu’il faut le conserver (48 %) voire le dupliquer, en 3e (9 %), mais surtout tout au long du collège (29 %).

Dans la très grande majorité des collèges (95 %), les principaux déclarent qu’une minorité d’élèves (un quart ou moins) à des difficultés à trouver un stage. Pour trouver un stage de 3e, les réseaux familiaux sont mobilisés dans la quasi-totalité des collèges (97 %). Les chefs d’établissement déclarent également s’appuyer sur les réseaux des enseignants (31 %). Un collège sur quatre a également développé des partenariats avec des entreprises.

Les collèges en éducation prioritaire doivent plus souvent accompagner les élèves. Ils font plus appel aux réseaux des enseignants (41 % vs 28 % dans les autres collèges), à des partenariats avec les entreprises (35 % vs 21 %) ainsi qu’à une banque de stages du conseil départemental (17 % vs 5 %) afin d’aider les élèves dans leur recherche de stage.

Le forum des métiers semble être une étape importante pour les établissements. 77 % des collèges et 84 % des lycées ont organisé un forum des métiers dans leur établissement et/ou organisé un déplacement pour y conduire leurs élèves durant l’année scolaire 2017-2018.

Dans la majorité des établissements qui organisent un forum des métiers dans leurs locaux, les élèves ne bénéficient d’aucune séance de travail, en amont ou en aval (63 % en collège, 57 % en lycée). En revanche, lorsque le forum des métiers se déroule à l’extérieur, les deux tiers des établissements organisent au moins une séance de préparation ou de débriefing avec les élèves (63 % des collèges et 69 % des lycées).