Offre et choix de langues


Offre de langues et choix : étude originale du Cnesco

En s’appuyant sur les données de la Banque centrale de pilotage – BCP (Depp, MENJ), le Cnesco a mené une étude approfondie sur l’offre de langues vivantes étrangères (dans l’ensemble des collèges publics et privés sous contrat, à la rentrée 2018, sur les langues vivantes étrangères uniquement) et sur les choix de langues réalisés par les élèves. Il présente ainsi une évaluation originale mettant en évidence les disparités territoriales de l’offre et la différenciation sociale existant dans les choix des élèves.

Une offre de langues vivantes étrangères inégalement répartie sur le territoire

Peu d’établissements ne proposent que deux langues étrangères

Seuls 11 % des établissements ne proposent aucun choix pour la première langue étrangère (LV1) comme pour la deuxième (LV2). Les autres établissements (89 %) proposent toujours un choix de langues étrangères. Il existe peu de différences entre les collèges d’éducation prioritaire et les autres.

Le choix est avant tout rendu possible sur la LV2 : la moitié des établissements en proposent deux, 30 % en proposent trois et 8 % en proposent plus de trois.

Sur la LV1, le choix est nettement plus limité. Seul un établissement sur cinq (22 %) propose un choix entre plusieurs langues étrangères (deux dans la très grande majorité des cas) en tant que première langue vivante étudiée.

De fortes inégalités académiques dans l’offre de langues

Derrière ces données nationales, de véritables disparités apparaissent entre académies, tant au niveau des établissements ne proposant aucun choix en langues étrangères qu’au niveau de ceux proposant une large offre de langues.

PAS DE CHOIX

Dans les académies frontalières de l’Espagne et de l’Allemagne, la part des établissements ne proposant pas de choix de langues est nettement plus élevée que la moyenne : Toulouse (47 %), Bordeaux (43 %), Montpellier (39 %) et Strasbourg (36 %). Cette situation se retrouve très fortement en Guadeloupe (90 %) et en Martinique (76 %). A contrario, cette situation se présente rarement dans les académies porches de l’Italie : Corse (0 %), Grenoble (1 %), Lyon (2 %), Nice (2 %), Aix-Marseille (3 %). C’est également le cas dans les académies de Paris (3 %), Versailles (4 %), Nantes (5 %), Rennes (5 %), Rouen (5 %), Caen (5 %) et Dijon (5 %).

LARGE CHOIX

L’analyse, dans chaque académie, de la part des établissements proposant quatre langues ou plus fait ressortir de nouvelles disparités territoriales. Les collèges des académies de Grenoble (78 %), Lyon (69 %), Aix-Marseille (59 %), Nice (54 %) et Paris (50 %) sont plus nombreux à offrir un large choix de langues. À l’opposé, les académies de Martinique (0 %), Guadeloupe (2 %), Guyane (11 %) et Nantes (14 %) n’offrent que rarement un large choix.

Le cas de Nantes est atypique puisque l’académie présente, à la fois, peu d’établissements avec une offre limitée de langues et peu d’établissements avec une large offre.

Des choix de langues étrangères socialement marqués, en LV1 comme en LV2

Si l’offre de langues étrangères est inégalement répartie, les choix effectués par les élèves et les familles apparaissent également comme un fort marqueur social.

En LV1, l’anglais est très nettement la langue la plus étudiée (plus de 3 millions de collégiens). Pour autant, certains élèves choisissent l’allemand (121 800 collégiens) ou l’espagnol (18 400 collégiens) en LV1. Dans ces deux langues, les élèves très favorisés sont surreprésentés. Si le choix de LV1 autre que l’anglais n’est pas une pratique courante, il apparait donc néanmoins comme un marqueur social.

Répartition des langues étrangères en LV1
selon la catégorie socioprofessionnelle (PCS) des parents, à la rentrée 2018

En LV2, deux groupes de langues seront distinguées : les langues les plus étudiées d’une part et, les langues moins diffusées et moins enseignées (MoDiMEs) d’autre part (Figure 9).

Langues les plus étudiées

Parmi les langues les plus étudiées en LV2 au collège, deux groupes apparaissent. Les élèves les plus favorisés sont surreprésentés en allemand et en anglais (l’anglais en LV2 suppose d’avoir fait un choix « atypique » déjà marqué socialement en LV1). À l’inverse, ils sont moins présents en espagnol et en italien (22 %, soit 9 points de moins), langues davantage choisies par les élèves issus d’un milieu défavorisé et des classes moyennes.

Langues moins diffusées et moins enseignées

C’est parmi les langues MoDiMEs que les distinctions sociales sont les plus fortes. Deux groupes de langues se distinguent clairement selon la catégorie socioprofessionnelle des parents.

En russe, plus de la moitié des élèves (51 %) sont issus d’un milieu très favorisé. Cette tendance se retrouve également pour le chinois (44 %) et l’hébreu moderne (39 %). Dans ces langues, les élèves défavorisés apparaissent comme largement minoritaires.

À l’inverse, plus de la moitié des élèves étudiant l’arabe littéral (53 %) ou le portugais (51 %) sont issus d’un milieu défavorisé. Ces langues sont très peu choisies par les élèves les plus favorisés.

Répartition des langues étrangères en LV2
selon la catégorie socioprofessionnelle (PCS) des parents, à la rentrée 2018